Barack Obama dans le brouillard
Aeux quatre, ils formaient la « Dream Team » économique de Barack Obama. Chaque matin ou presque, ils conseillaient le président des Etats-Unis sur la conjoncture, les marchés, les mesures à prendre dans la pire crise financière depuis près d’un siècle. Il ne reste plus que le secrétaire au Trésor, Tim Geithner. Le directeur du Budget, Peter Orszag, est parti en juillet. La présidente du Comité des conseillers économiques, Christina Romer, a quitté ses fonctions au début du mois. Et le flamboyant Larry Summers abandonnera la direction du Conseil économique national à la fin de l’année. Tous trois ont de gros cernes sous les yeux après deux années épuisantes. Ils ont aussi envie de faire autre chose. Mais ils sont aussi au coeur de ce qui apparaît aujourd’hui comme l’échec majeur de Barack Obama : l’Amérique n’est pas sortie de la crise et rien ne permet d’espérer une guérison rapide. Le chômage touche un actif sur dix, plus de 10 millions de foyers ont la tête sous l’eau (leur maison vaut moins que leur emprunt) et le déficit budgétaire culmine à plus de 1.600 milliards de dollars.
En remodelant son équipe économique, le président a une chance unique de donner une nouvelle orientation, ou au moins l’impression d’une nouvelle orientation. Il a déjà désigné Austan Goolsbee, l’un de ses plus anciens conseillers, pour remplacer Christina Romer, et Jacob Lew pour prendre le fauteuil de Peter Orszag, fauteuil qu’il avait déjà occupé du temps de Bill Clinton. Le choix du successeur de Summers sera déterminant. Si le jeu paraît pour l’instant très ouvert, la Maison-Blanche ayant fait savoir que le président prendrait son temps, le champ d’action, lui, semble singulièrement se refermer. Au-delà des débats sur la taxation des hauts revenus, sur une nouvelle relance budgétaire, sur les mesures pour l’emploi, transparaît un réel désarroi. C’est vrai pour la politique monétaire, où il semble ne plus y avoir d’autre possibilité que d’imprimer toujours plus de billets pour empêcher la déflation – tel était le sens du communiqué publié mardi par la Réserve fédérale des Etat-Unis, laissant prévoir de nouveaux achats d’actifs par la banque centrale. C’est vrai aussi pour la politique budgétaire. Les 800 milliards de dollars du plan de relance voté début 2009 ont limité la récession mais ils n’ont pas relancé durablement la machine. Certains démocrates et presque autant d’économistes réclament de nouvelles mesures massives de soutien de l’activité. Pourtant, même à supposer que les prêteurs continuent d’avancer des fonds aux Etats-unis pour financer leur déficit public à des taux d’intérêt ridiculement bas, rien ne garantit l’efficacité de l’arme budgétaire. Le successeur de Larry Summers devra définir la martingale pour créer des emplois et préserver la stabilité financière. Les deux sujets sur lesquels Summers va désormais travailler… à Harvard.
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