L’un des grands mystères de la présidence Obama jusqu’à ce jour, est la disparition de ce qui avait attiré les électeurs à lui et l’avait porté jusqu’à la Maison-Blanche : la passion.
Pendant la longue campagne des primaires et ensuite présidentielle, 44th avait suscité une ferveur que l’on n’avait pas vue depuis JFK. Arrivé à la Maison-Blanche, cette passion a disparu. Même si, dans son livre autobiographique, «Les Rêves de mon Père», Obama parlait du travail qu’il avait fait sur lui-même pour contrôler sa colère dans une société blanche qui a peur des expressions de passion, la transformation de l’Obama du Yes We Can en président cérébral est un mystère. Et cette incapacité à exprimer la passion l’a éloigné des Américains au moment même où le pays est traversé par des manifestations violentes de passion – colère, mécontentement, inquiétude sur l’avenir – manifesté par le Tea Party.
Il est difficile de vouloir faire le bien des gens en faisant adopter, par exemple, la réforme de santé qui permet à plus de 30 millions d’Américains d’avoir une assurance et d’être incapable de ressentir leur détresse. FDR, confronté à un même soulèvement de passion lors des débuts de sa présidence, avait su opposer à ces débordements un mélange de passion et de rationalité. Le président ne peut se transformer en Sarah Palin ou en Christine O’Donnell.
Mais quelque chose est peut-être entrain de changer.
La publication du livre de Dinesh D’Souza, «The Roots of Obama’s Rage», et surtout la couverture du magazine Forbes, How He Thinks, version light du livre, ont soudain déclenché une réaction de la Maison-Blanche. Le livre explique que 44th agit en réalité pour venger son père, intellectuel Kenyan amer, et qu’il a, inconsciemment, adopté ses idées anticolonialistes, anti business.
«Obama est le président le plus anti business de toute l’histoire des États-Unis», écrit-il. Pour la première fois, Robert Gibbs, le porte-parole du président, s’en est pris à Forbes, accusant le magazine «d’avoir atteint un nouveau degré de bassesse» et de n’avoir pas vérifié ses informations, «ou de les avoir vérifiées, mais de ne pas en avoir tenu compte.»
L’article de D’Souza regorge d’erreurs. Par exemple, il affirme qu’Obama n’est pas vraiment Américain pour avoir passé les années les plus formatives, les 17 premières années de sa vie hors des États-Unis, mais à Hawaii, en Indonésie et au Pakistan. Sauf qu’Hawaii est bien américain et que le futur président est allé une seule fois, jeune étudiant, au Pakistan. Ce n’est pas comme s’il avait été endoctriné dans une madrassa de Lahore…
Le président lui-même, en campagne pour soutenir sa politique économique, commence à montrer des signes de passion, dans l’espoir de ne pas perdre les deux Chambres en novembre prochain.
La montée en puissance des candidats les plus extrémistes du Tea Party lors des primaires Républicaines de mardi dernier, la publication de Forbes, revue très influente dans la classe dirigeante américaine, les manoeuvres de Sarah Palin en vue de la campagne présidentielle de 2012 ont soudain donné un coup de fouet à la Maison-Blanche dont le seul élément passionné, capable de répondre aux lunatiques du Tea Party, Rahm Emanuel. La Maison-Blanche se réveille peut-être enfin.
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