The Real War: the Euro and the Dollar

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La Chine sera pointée du doigt ce week-end. Sur une planète des devises qui ne tourne plus rond, où le ministre brésilien des Finances et le patron du FMI parlent de « guerre des monnaies », sa politique de change va être mise en question lors des réunions du Fonds monétaire international et du G7 à Washington. A moins d’un mois d’une élection cruciale, les Américains visent là une cible facile et les Européens leur emboîtent le pas. Le vrai problème n’est pourtant pas là. D’abord parce que le yuan n’est pas complètement sous-évalué. Selon certaines mesures, la minoration ne serait que de 10 % ou 20 % par rapport au billet vert, compte tenu du fait que la Chine est encore un pays émergent. Ensuite parce qu’un yuan plus cher ne changerait pas fondamentalement la donne. De 2005 à 2008, il a monté de 20 % sans changer les rapports de force en matière de compétitivité. L’Amérique et l’Europe ont seulement payé plus cher les produits que leurs entreprises font assembler là-bas à partir de composants venus du monde entier.

Non, le vrai problème monétaire se pose entre les deux premières devises mondiales : le dollar et l’euro. Depuis la naissance de la monnaie unique en 1999, leur change a été laissé au libre jeu du marché – sauf en 2000, quand l’euro était au plus bas. Mais, dans une crise économique contre laquelle « on a tout essayé » sauf la dévaluation, cette situation pourrait bien changer. Aux Etats-Unis, l’action en la matière est relativement simple (même s’il est naïf de croire que l’Amérique manipule en permanence son taux de change, variable considérée le plus souvent comme secondaire dans un pays moins ouvert que l’Europe). D’abord, le patron de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, y a déjà réfléchi, depuis longtemps. Ensuite, la Fed est moins indépendante que son homologue, la Banque centrale européenne. C’est vrai en droit, car il suffit d’une loi et non d’un traité ratifié par 27 pays pour supprimer son autonomie. C’est vrai aussi dans les faits, puisqu’elle a acheté sans sourciller des obligations du Trésor américain par centaines de milliards alors que la BCE ne s’est résolue à acquérir quelques obligations grecques qu’à la dernière extrémité. Or, quand la machine à billets tourne, elle affaiblit toujours la valeur des billets qu’elle imprime. Enfin, le dollar a un Trésor pour la piloter tandis que l’euro n’a toujours pas de numéro de téléphone. Les investisseurs sentent bien le potentiel américain et la faiblesse européenne. C’est l’une des raisons pour laquelle l’euro a valu hier plus de 1,40 dollar, pour la première fois depuis huit mois.

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