Les fuites de WikiLeaks ne font que confirmer ce que nombre de journalistes avaient constaté en couvrant l’après-guerre américaine en Irak : c’est-à-dire l’absence de transparence dans tout ce qui a trait au bilan des victimes du conflit, et à l’ampleur de la torture pratiquée par les soldats américains et leurs alliés irakiens dans les prisons notamment.
Combien de fois n’a-t-on pas entendu non seulement de simples citoyens irakiens mais aussi des diplomates occidentaux affirmer que les responsables américains minimisaient le volume des attaques dont ils étaient la cible ainsi que le nombre de tués irakiens dans leurs propres opérations contre la guérilla.
Les fuites de WikiLeaks – si elles ne sont pas vraiment une surprise – ont le mérite de quantifier cette distorsion de la réalité.
Pour la chaîne de télévision panarabique Al-Jazira, l’un des médias ayant eu accès aux rapports avant leur publication sur le site, ceux-ci font état de 285.000 victimes, dont au moins 109.000 morts sur lesquels 66.000, soit près des deux tiers, étaient des civils. Jusqu’à maintenant, le gouvernement irakien parlait lui d’au moins 85.694 civils et responsables de la sécurité tués entre janvier 2004 et le 31 octobre 2008. Quant à l’armée américaine, en juillet dernier, elle évaluait à 77.000 Irakiens décédés entre janvier 2004 et août 2008, aux pires heures des violences religieuses et ethniques.
La différence est d’importance. Ce qui n’a pas échappé au Premier ministre sortant, Nouri al-Maliki, qui est candidat à sa succession. Pour lui, ces fuites cherchent à nuire à son désir de rester dans la course au poste de chef du gouvernement.
A l’heure où les Américains retirent leurs troupes de combat du pays, ces révélations ne vont pas changer grand chose à la donne irakienne. Les militaires américains sont honnis par des pans entiers de la population, mais aujourd’hui c’est à son gouvernement que cette dernière pourrait demander des comptes, et non plus aux anciens occupants sur le départ.
Un petit regret : WikiLeaks devrait aussi s’intéresser à la corruption qui touche également les rangs de l’armée américaine en Irak, comme le constatent tous ceux – diplomates, marchands d’armes – qui s’aventurent sur cette chasse gardée US.
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