The Limits of Power

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Les guerres d’Irak et d’Afghanistan, toutes deux dans leur neuvième année, sont déjà les plus longues de l’histoire américaine. Pourtant, ces conflits restent absents des élections qui, à la moitié du mandat d’Obama, renouvellent le Congrès. Il est possible que les nouvelles révélations de WikiLeaks, à une semaine du scrutin, changent la donne. Les 391 832 documents internes à l’armée américaine sont accablants. Ils donnent la version brute, immédiate du Pentagone, au ras du champ de bataille. C’est ce qui la rend d’autant plus accusatrice.

On peut reprocher à Julian Assange, qui publie ces notes avec souvent les noms des informateurs ou collaborateurs locaux – comme dans le cas de l’Afghanistan -, d’avoir le même dédain pour les dommages collatéraux qu’un stratège de l’US Air Force. Il reste que ces témoignages dessinent un conflit mené au mépris des lois élémentaires de la guerre, une mansuétude criminelle pour les supplétifs irakiens, aussi brutaux et cruels qu’ils l’étaient du temps de Saddam Hussein. On voit également une guerre largement privatisée, aux mains de mercenaires sans foi et surtout sans loi. Paradoxalement, ces fuites montrent aussi la transparence – même contrainte – de la démocratie américaine. Mais il faudrait aujourd’hui, une fois les mensonges de la machine de guerre américaine ainsi étalés, que Washington mesure les limites de son pouvoir et de son hégémonie. Que les Américains réalisent qu’on ne peut pas imposer sélectivement ses valeurs sur des peuples.

Alors, les fuites d’Assange auront accompli leur mission citoyenne.

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