The Tea Party, Obama and Elitism

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L’accusation avait commencé à pointer le bout de son nez pendant la campagne de 2008: Barack Obama était élitiste. Comme si le fait d’avoir été un étudiant brillant et d’être intéressé par les idées et le débat intellectuel était en soi une tare. L’Amérique a bien changé: John Kennedy, entouré des “best and the brightest”, selon l’expression du journaliste David Halberstam, tous sortis de Harvard, de Yale ou de Princeton, n’avait jamais été critiqué pour son élitisme. Au contraire, on admirait son style dont le ton avait été donné par le poème écrit pour l’occasion par le poète Robert Frost, le jour de son inauguration.

Dans les derniers jours de la campagne avant l’ouverture des urnes, ce mardi 2 novembre, les accusation d’élitisme n’ont fait que s’amplifier. Contre 44th et contre les Démocrates, depuis Franklin Roosevelt, le party de la classe ouvrière et de la middl class. Dans le climat nauséabond de l’Amérique actuelle, où tout bon sens a disparu, Obama est vu comme un millionnaire éduqué à Harvard, qui a perdu le contact avec le citoyen ordinaire. Sarah Palin dirait “six pack Joe”. Ces critiques oublient un peu vite que Barack Obama a été élevé par une mère seule qui a du, parfois, recourir à l’aide de l’Etat pour se nourrir.

Ironie, le tea party et ses supporters veulent faire croire qu’Obama est élitiste (comprendre: contre le peuple) alors qu’ils sont financés précisément par ceux qui sont les véritables élitistes _ Wall Street, les membres de la U.S. Chamber of Commerce, par exemple _ pour le moins indifférents aux intérêts des Américains ordinaires, recherchant surtout une politique fiscale plus favorable aux plus riches. Mais dans l’Absurdie que sont devenus les Etats-Unis, plus rien n’a de sens et la vérité importe peu. On préfère croire, comme dans le bon vieux temps, le bonimenteur qui vend de l’huile de serpent pour guérir tous les maux, plutôt ceux qui mettent en garde contre ses mensonges. Christine O’Donnell, la candidate du Tea Party au Sénat, a lancé une campagne dont le slogan affirme: “Je n’ai pas été à Yale. Je n’ai pas hérité de millions, comme mon adversaire.”

Le débat sur l’élitisme n’est pas nouveau, bien sûr, mais il a une résonance nouvelle en temps de crise économique aiguë (même si personne ne s’est offusqué du fait que John McCain était incapable de dire combien de maisons il possédait lorsque la question lui a été posée). La candidate au siège de sénateur de Californie, Carly Fiorina _ multi millionnaire _ affirmait récemment que les idéaux américains étaient menacés par “les élitistes du gouvernement”.

En ne répondant pas à ses détracteurs, en laissant ses opposants affirmer les plus invraisemblables contre-vérités, Obama a renforcé l’idée qu’il était déconnecté des préoccupations des Américains ordinaires, touchés de plein fouet par un chômage massif qui ne semble pas connaître de reflux. Son côté cérébral, bien loin d’un Bill Clinton roublard, mais sentant l’état d’esprit du pays, a joué contre lui (sans parler du désastreux voyage de Michelle Obama en Espagne, cet été) au lieu d’inspirer la confiance dans sa conduite du pays. Il reste à 44th deux années pour changer d’image. Ce n’est pas gagné.

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