The Republics of California and New York

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Regarder la carte électorale des Etats-Unis est un exercice intéressant, surtout lorsque l’on observe la couleur des gouverneurs. Le pays est couverte de taches rouges, couleur des Républicains. Les Démocrates ne dirigent plus que 19 Etats après en avoir perdu 7, tandis que les Républicains en gouvernent 29. Dans le centre du pays, il n’y que le Colorado, coincé entre le Kansas, Utah, le Wyoming et le Nouveau Mexique, pour donner un peu de bleu à la carte.

Pourtant, le nombre ne dit pas toute l’histoire.

La vague rouge n’a pas réussi à emporter les deux Etats les plus importants par leur population, par leur nombre de grands électeurs, ceux qui, en réalité, choisissent le président des Etats-Unis, et par leur poids économique: la Californie et New York.

A New York, Andrew Cuomo, fils d’un autre gouverneur, Mario Cuomo, élu à l’époque de Ronald Reagan, a écrasé son adversaire Républicain, Carl Paladino (61% vs 34%). En Californie, Jerry Brown, fils d’un autre gouverneur Démocrate des années 60, Pat Brown, a été élu. Mieux, Jerry Brown a déjà été gouverneur de l’Etat le plus peuplé du pays, il y a pas moins de 30 ans, entre 1975 et 1983. Le nouveau gouverneur, un personnage pas exactement conforme aux standards habituels de la politique américaine (intéressé par le Buddhisme, Brown a longtemps eu un gourou français à béret le suivant partout et habitant même avec lui), a réussi a battre la candidate Républicaine, Meg Whitman qui disposait de moyens financiers illimités. Elle a investi plus de 150 millions de dollars de sa propre fortune dans la campagne, un record absolu aux Etats-Unis. Mieux: alors que le pays basculait à droite, la Californie élisait un Démocrate, ce qui n’est arrivé que trois fois dans toute son histoire. Même l’autre milliardaire, Carly Fiorina, ex-PDG de Hewlett Packard, n’arrivait pas à emporter le siège de sénateur pourtant l’un des plus menacés des Démocrates, détenu par Barbara Boxer, l’un des sénateurs les plus à gauche des USA.

Ces Etats ont un poids financier considérable pour lever des fonds pour des campagnes nationales. Wall Street et Hollywood sont les deux principales sources de fonds. Jerry Brown, par exemple, a grandement bénéficié de l’aide de Steve Spielberg et Jeffrey Katzenberg, co-fondateurs du studio DreamWorks (“Shrek”).

Ces deux victoires contre des adversaires différents, mais aussi conservateurs et déterminés l’un que l’autre, montrent qu’en dehors des centres ruraux ou du sud, le message du Tea Party ne passe pas: l’Illinois, le Connecticut, le Maryland, le Massachusetts, entre autre, sont restés Démocrates ou ont basculé dans le camp des bleus, comme le Vermont. Il faut voir maintenant combien de temps l’alliance Républicains-Tea Party au Congrès va durer. Les priorités des uns et des autres ne coïncident pas pour le moins. La prochaine carte électorale pourrait avoir d’autres couleurs.

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