Obama and Israel: The New Situation

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Il faut terminer l’oeuvre de Rabin. » Quinze ans après l’assassinat du Premier ministre israélien, qui avait été le plus loin sur le chemin de la paix, la formule utilisée récemment par Bill Clinton, pourrait paraître comme un hommage du vice à la vertu.

En réalité, au moment où Hillary Clinton s’investit massivement dans le conflit israélo-palestinien – n’a-t-elle pas passé près de huit heures en tête-à-tête avec le Premier ministre Benyamin Netanyahu la semaine dernière -, c’est toute la politique américaine vis-à-vis d’Israël qui connaît une évolution significative. Hier, les Etats-Unis considéraient la sécurité d’Israël comme un « intérêt de sécurité nationale » pour eux-mêmes. Aujourd’hui, c’est le règlement du conflit israélo-palestinien dans son ensemble qui est décrit comme un intérêt de sécurité nationale pour Washington. Il ne s’agit pas d’une révolution copernicienne – la sécurité d’Israël ne passe-t-elle pas par la paix avec ses voisins et la création d’un Etat palestinien n’est-elle pas la condition de cette paix ? -, mais d’une inflexion significative du langage.

Certes un règlement de paix entre Israéliens et Palestiniens n’apporte pas en lui-même de réponse aux dilemmes auxquels se trouvent confrontés les Américains en Afghanistan, en Irak, au Yémen, en Iran ou face à la montée du terrorisme islamiste dans le monde. Mais une « paix à Jérusalem » transforme le climat qui peut exister dans les relations entre l’ensemble du monde musulman et l’Occident. Elle complète et donne sens aux discours prononcés par Barack Obama au Caire et à Istanbul aux débuts de sa présidence.

L’Amérique, précisément parce que le monde est devenu multipolaire, parce que ses moyens ne sont plus ce qu’ils étaient, ne peut se permettre de ne pas traiter ce problème et de ne pas y consacrer une part importante de son énergie. « Les hommes arrivent à la solution juste après avoir essayé toutes les autres », dit-on. Dans le cas du conflit israélo-palestinien, c’est sans doute l’ultime moment pour sauver la solution des « deux Etats » ; la seule garantie pour Israël d’un Etat qui soit à la fois « sûr, et démocratique », répète l’administration américaine à ses interlocuteurs israéliens.

Face à l’urgence de la situation, le temps des George Mitchell et Denis Ross, des émissaires compétents mais au poids politique insuffisant, est dépassé. C’est à la secrétaire d’Etat elle-même de s’investir. N’a-t-elle pas réuni sur son nom et sa personne la confiance d’une partie significative des deux camps ? Qu’elle réussisse, et, comme Henry Kissinger avant elle, elle sera prix Nobel de la paix et Barack Obama jouira enfin de la confiance que les jurés d’Oslo ont mise en lui.

La nouvelle vision stratégique des Etats-Unis pour le règlement du conflit est claire et séduisante. Et il existe une adéquation entre le message et la messagère.

Mais les moyens et, plus encore, la volonté sont-ils bien présents ? L’Amérique d’Obama a en réalité perdu deux ans. Le président n’a-t-il pas été un peu « tendre », n’a-t-il pas manqué de confiance ? Face à lui, Benyamin Netanyahu peut raisonnablement se dire qu’il n’a plus que dix mois à tenir face aux pressions américaines. Dans moins d’un an, l’Amérique sera à nouveau en pleine campagne présidentielle. La fenêtre d’opportunité n’est-elle pas tout simplement trop réduite ?. Les autres chantiers de l’Amérique – internes comme externes -ne sont-ils pas trop brûlants et trop nombreux ?

Et pourtant les atouts de Barack Obama et d’Hillary Clinton sont bien réels, tant en Amérique, où une partie significative de la communauté juive non organisée est derrière lui sur cette question, que sur le terrain même. La majorité des Israéliens et des Palestiniens continue de désirer un règlement du conflit. Dans les Territoires, les Palestiniens ont pour la première fois de leur histoire un Premier ministre compétent, Salaam Fayyad. Son efficacité et son pragmatisme font merveille.

Certes les difficultés des deux côtés sont considérables. La droitisation de la politique israélienne est une réalité toujours plus inquiétante. Et les divisions entre le Hamas et le Fatah sont toujours grandes.

Pour réussir aujourd’hui, Barack Obama et Hillary Clinton doivent être convaincus, comme l’était David Ben Gourion hier, qu’il est réaliste de croire aux miracles.

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