Faut-il avoir peur de la Silicon Valley ? Nos industriels redoutent l’inexorable montée en puissance d’une Chine régulièrement accusée de concurrence déloyale. Dans la high-tech, nos start-up tricolores ne devraient-elles pas également trembler face à la toute-puissance de la Californie ? Car si le textile, l’électronique et une part croissante de l’industrie sont désormais « made in China », le monde de l’Internet est, lui, clairement « made in California ». Face aux Google, Apple, Facebook ou autres acteurs du Web qui peuvent s’appuyer sur l’anglais, un énorme marché domestique et une considérable avance accumulée pour conquérir la planète, les petits « Frenchies » peuvent-ils vraiment espérer être capables de trouver une place autre que modeste dans le cyberespace ?
Tout comme pour mieux rivaliser avec la Chine, il est primordial de réussir à devenir – seul ou en partenariat -un acteur clef sur le marché chinois, il faut aujourd’hui pour avoir une chance de s’imposer dans les nouvelles technologies apprendre à travailler avec la Valley, pas contre elle.
Pas question bien sûr de tout délocaliser à Palo Alto, d’immigrer et d’adopter la nationalité américaine. Mais il ne faudrait pas non plus céder à l’excès inverse et tomber victime du syndrome du village gaulois. Il est au contraire primordial d’aller dans la Valley, d’y ouvrir des bureaux, de s’intégrer dans cet écosystème si particulier, fait d’innovations et d’interactions permanentes. Il faut apprendre à partager sans avoir peur d’être pillé.
Ericsson, sans renoncer à son identité suédoise, l’a compris puisque l’équipementier télécoms a installé son patron du développement et de la technologie en Californie. Baigné dans la technologie IP, il reste en pointe et en alerte. Il peut puiser dans un vivier de compétences bien plus mondiales que simplement américaines et espérer en prime que les innovations nées dans la Valley s’exporteront.
La France ferait bien de suivre cet exemple. Multiplier les échanges en allant, pourquoi pas, jusqu’à créer un ministère du Numérique dont les bureaux seraient à San Francisco, et qui aurait vocation à faciliter le dialogue entre la France et l’Amérique.
La conférence Le Web, qui se tient cette semaine à Paris, le prouve. On y parle, certes, anglais mais les Américains ont fait le voyage jusqu’à Paris pour venir nouer des partenariats ou travailler avec le Silicon Sentier. Dans la Valley, l’Amérique est moins repliée sur elle-même et bien moins arrogante que certains le prétendent.
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