The Americans Won’t Do as Priggish Journalists Say

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Il n’y a rien de plus terrible pour un journaliste que de constater que les faits refusent d’obéir à ses idées reçues. On pourrait dire la même chose d’un investisseur qui mise sur l’appréciation d’une valeur et constate avec horreur que le marché lui donne tort. Je sais de quoi je parle…

Conscient de ce danger, j’essaye (sans toujours y parvenir) de rester pragmatique et observateur de la réalité complexe et changeante de l’Amérique.

Il y a deux ans, une armée de journalistes parisiens a débarqué aux États-Unis pour vous expliquer comment l’Amérique avait été changée pour toujours par la crise. Le capitalisme était mourrant. Obama allait rapprocher les États-Unis du modèle français, avec la Sécurité Sociale pour tous et des TGV partout. Les américains voulaient plus d’État, de réglementation et punir les méchants profiteurs.

Je suis tombé dans de nombreux pièges, mais pas dans celui-là. Deux ans plus tard, l’Amérique que les obamaniques vous ont promis ne s’est pas matérialisée. Les américains veulent moins d’État. Le parti du Président Obama a subi sa plus grave défaite depuis au moins 50 ans. Plusieurs gouverneurs refusent les crédits fédéraux censés financer le début du travail nécessaire à la création de lignes de chemin de fer rapides et la majorité républicaine de la Chambre promet défaire la réforme de la santé. Agaçant hein ?

J’imagine que ceux qui se sont trompés se sentent comme je me sentais en découvrant, comme un imbécile, qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massive en Irak. J’y avais cru….Errare humanum est. L’erreur pousse le journaliste à l’humilité.

Il y a un point sur lequel je reconnais manquer d’humilité. Je refuse d’être beau joueur. Je deviens horriblement mesquin. Je vous autorise à me critiquer vertement dans vos réactions sur ce blog:

Jamais je n’ai cru que les américains obéiraient aux journalistes qui affirmaient que les petites voitures étaient désormais les véhicules de prédilection du nouveau monde américain post-capitaliste, vert, respectueux du développement durable et des bébés phoques.

Demain, mardi, tomberont les chiffres des ventes automobile de décembre. On pourra faire l’addition des 12 mois 2010. Mais dès aujourd’hui la tendance des mois précédents est sans appel: les américains achètent de moins en moins de petites voitures. Ils préfèrent les grosses. C’est comme ça.

Eh oui…les ventes de Toyota hybrides Prius ont même chuté d’1, 7% depuis un an. Les ventes de Corolla, de Civic baissent aussi.

Pourquoi ? deux raisons: la première est que l’essence aux États-Unis reste bien meilleure marché qu’en Europe. À ce jour, en moyenne il faut ici 3, 07 dollars pour acheter un gallon d’essence ordinaire, soit 3, 8 litres….Il est rationnel à ce prix de rouler en 6 cylindres. Le jour où un Président aura le courage politique de faire campagne pour une hausse des taxes sur l’essence, les américains s’adapteront. L’économie d’énergie est certainement une bonne chose. Mais elle a un prix. Et les américains ne veulent pas encore le payer.

Deuxième raison: les américains vivent dans des banlieues et ils ont l’habitude d’avoir de la place pour se garer. Le journaliste français heureux de vivre à Manhattan sans voiture ne peut pas comprendre cette mentalité. Vous l’avez deviné, j’habite en banlieue. Ma femme roule en Nissan, 4 cylindres, très économe. Je roule très peu (moins de 10.000 miles par an), mais je reconnais que ma Mercury Grand Marquis, 8 cyclindres, 4, 6 litres…est un monstre…(c’est le même modèle que les taxis jaunes que vous voyez dans les films).

Ce monstre est agréable et transporte dans un grand confort, mes trois enfants, mes deux chiens et mon épouse. Le coffre est un peu plus petit que mon ancien appartement à Paris. C’est scandaleux. Je l’avoue.

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