Il y a une chose que les dépêches diplomatiques publiées par WikiLeaks montrait clairement: la valeur de la diplomatie américaine. La qualité des messages et la clairvoyance des analyses étaient les vraies révélations. Elles contrastaient avec les câbles de l’ambassadeur de France en Tunisie dont les analyses étaient affligeantes et qui n’avait jamais pris la peine de rencontrer un représentant de l’opposition.
Les événements en Egypte et au Yémen posent un problème autrement plus compliqué aux Etats-Unis et à Barack Obama. L’Egypte, qui reçoit 1,5 milliards de dollars d’aide des Etats-Unis chaque année, est un élément essentiel du dispositif américain pour contrer l’Iran. Et le Yémen, dirigé depuis plus de 30 ans par Ali Abdullah Saleh, est devenu une des bases arrières d’Al Qaeda, mais en même temps les Etats-Unis ont une liberté presque absolue de mener la guerre aux affiliés d’Al Qaeda dans le pays.
La question à 1 milliard de dollars pour Barack Obama est simple dans sa formulation, mais presque impossible à résoudre: Comment préserver sa sécurité avec ses impératifs moraux, tels qu’ils ont été en particulier définis lors du discours du Caire du 4 juin 2009 ? La politique de Jimmy Carter qui avait fait des droits de l’Homme la ligne conductrice de sa politique étrangère, s’est révélée être un désastre. La diplomatie ne peut pas osciller entre ces deux extrêmes du spectre, la politique de la canonnière ou la naïveté de la politique des droits de l’Homme aussi louable soit-elle. Comment contrer l’Iran, contenir AlQaeda et soutenir ceux qui ont le courage de s’opposer aux despotes qui s’accrochent au pouvoir depuis plus de trois décennies ?
L’idéal pour Barack Obama serait une transition “à la Ferdinand Marcos”, lâché par Ronald Reagan quand les Etats-Unis ont considéré que son maintien au pouvoir après tant d’années, menaçait la stabilité de la région en donnant des armes aux extrémistes. Vendredi, Obama a suggéré que les Etats-Unis pourraient revoir leur aide à l’Egypte si Moubarak continuait à utiliser l’armée contre les jeunes qui manifestent. Les câbles de WikiLeaks ont révélé les efforts de la diplomatie américaine pour convaincre Moubarak de libérer les dissidents et d’entreprendre les réformes nécessaires. En vain. Au lieu de promettre à la 25è heures de grandes réformes, Moubarak ferait mieux de commencer par mettre fin au coupures des communications Internet et téléphoniques. Ce serait un premier geste.
George W. Bush et ses “neocons” croyaient dur comme fer que la chute de l’Iraq, le remplacement de Saddam Hussein par un régime démocratique entraîneraient, dans un vaste jeu de domino, une démocratisation de tout le Moyen Orient. La guerre d’Iraq s’est révélée un désastre total. L’onde de choc est finalement partie, mais de là où on ne l’attendait pas: d’un petit pays paisible. Elle risque d’être ressentie au delà de l’Egypte. Barack Obama doit décider maintenant de la politique qu’il entend mener et faire entendre sa voix clairement. Le monde musulman attend cela de lui.
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