8 Spruce Street: New York’s Comeback Symbol

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La tour Gehry, symbole du come-back de New York

Par Adèle Smith

25/02/2011 | Mise à jour : 08:37

Compter 2600 $ par mois pour un studio dans le plus haut gratte-ciel résidentiel des États-Unis.

Il flotte comme un parfum de renouveau à New York. Deux ans après la crise financière qui avait ébranlé sa stature internationale, les signes de reprise se multiplient et la Grosse Pomme, îlot de richesse dans une Amérique toujours en crise, est en train de retrouver sa légendaire vitalité.

Symbole de ce renouveau : le tout nouveau gratte-ciel signé Frank Gehry, érigé à deux pas de Ground Zero. C’est la plus grande tour résidentielle du continent américain et l’une des plus luxueuses de New York. L’édifice en acier de 265 mètres de haut (60 de moins que la tour Eiffel), imaginé par l’architecte du Musée Guggenheim de Bilbao, est encore en construction, mais il vient d’être ouvert à la location pour 115 appartements, sur 903 au total. MaryAnne Gilmartin, vice-présidente du promoteur immobilier Ratner, responsable du projet, est optimiste. «Nous sommes submergés de demandes et beaucoup de gens sont intéressés par les appartements les plus élevés, qui ne seront prêts qu’en 2012 !»

On comprend pourquoi. À la pointe de Manhattan, la vue est spectaculaire, avec à l’est les ponts de l’East River, au sud la statue de la Liberté, à l’ouest l’Hudson et la Freedom Tower en construction (à la place des tours du World Trade Center) et au nord la ville qui ne dort jamais. «Cette tour est parmi ce qui se fait de mieux à New York», poursuit notre guide avant d’égrener la liste des services : entrée privée pour les voitures, rarissime à Manhattan, piscine, salles de gym, yoga, Pilates et fitness avec coach privé, cinéma, salle de jeu pour enfants et même salle pour adolescents avec Internet et jeux vidéo. Les loyers mensuels commencent à 2600 dollars pour un petit 1 pièce en bas de l’immeuble. Ceux des appartements les plus convoités ne sont pas encore affichés mais, à New York, un 3-pièces haut de gamme varie entre 15.000 et 20.000 dollars par mois.

L’immobilier s’envole

C’est de l’extérieur que la tour paraît le plus impressionnante. Le bâtiment, enveloppé d’une draperie métallique ondulante composée de 10.500 panneaux presque tous uniques, est considéré comme le premier gratte-ciel «design» de l’ère digitale à New York. Charlie Attias, vice-président de l’agence immobilière Corcoran, pense qu’il va revigorer un quartier qui en a besoin, dix ans après les attaques du 11 Septembre. Lui aussi est optimiste pour son secteur, qui profite de l’accélération de la reprise économique et de bonus faramineux distribués à Wall Street (17 millions pour le patron de la banque JPMorgan). Le prix de vente moyen a augmenté de 42 % sur un an, retrouvant le niveau d’octobre 2008. «En décembre, on a vu un appartement au 15 Central Park West ( où vivent Sting et le patron de Goldman Sachs) s’échanger à 40 millions de dollars !», s’enthousiasme-t-il.

Non loin de là, au Bergdof Goodman, grand magasin de luxe de la Ve Avenue, Barbara Stone, make-up artist de la marque Bobbi Brown, voit défiler l’élite new-yorkaise, plus nombreuse que jamais. «Fin 2008, l’étage beauté était totalement désert. Aujourd’hui, c’est reparti comme avant la crise», assure-t-elle entre deux séances de maquillage. L’industrie du luxe affiche une embellie remarquable. Le géant américain Estée Lauder, basé à New York, enregistre la meilleure performance mondiale en Bourse de tous les groupes du secteur depuis un an.

Retour aux vraies valeurs

Malgré un chômage persistant, l’humeur est généralement au beau fixe. De nombreux New-Yorkais déclarent pourtant que la récession a eu du bon car elle a «remis les pendules à l’heure». «Avant l’automne 2008, New York avait atteint la folie des grandeurs et on jouait tous le jeu», raconte Carine Bauvey, qui travaille à MA3, une agence d’événementiel à Soho. Elle se souvient de séances photo où le champagne coulait à flots ; un photographe pouvait avoir cinq assistants et voyager en première classe. «Comme les prix reflètent mieux la réalité, les relations entre les gens en sont redevenues plus saines», dit-elle. Même son de cloche chez Yan Saquet, président de MBM Records, créateur de l’image musicale de grandes marques de luxe. «La tradition, en marketing, était d’être très agressif. Aujourd’hui, c’est un peu vulgaire, il y a un retour aux vraies valeurs de la création.» L’entrepreneur français amoureux de New York espère que 2011 se confirmera comme l’année du grand come-back de Big Apple.

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