Coïncidence ? Au moment même où l’on commençait à s’inquiéter aux Etats-Unis de la présence d’Al-Qaïda parmi les rebelles libyens, l’administration Obama a fait savoir qu’elle a, depuis des semaines déjà, dépêché plusieurs groupes d’agents de la CIA aux côtés de ces mêmes rebelles. Comme le rapporte le New York Times, citant des officiels américains, ces agents sont chargés d’aider à localiser les dépôts d’armes ou les repaires des troupes de Kadhafi. Mais ils ont aussi pour mission d’aider à « comprendre qui sont les leaders et les allégeances des groupes opposés au colonel Kadhafi ». Barack Obama a également signé il y a déjà plusieurs semaines un décret secret permettant à la CIA de fournir des armes ou de l’argent aux rebelles, mais aucune livraison d’armes n’a encore été effectuée, a-t-on appris ce mercredi.
Ces révélations viennent relativiser les promesses réitérées de Barack Obama, qui a juré ne pas vouloir envoyer de troupes américaines en Libye. Mais elles tombent à pic au moment où les Etats-Unis s’inquiètent de la présence… d’Al-Qaïda parmi les rebelles. L’idée n’est pas nouvelle, mais à force de répéter que ses opposants ne sont que des terroristes à la solde d’Al-Qaïda, le colonel Kadhafi lui-même l’avait largement discréditée. Maintenant que les rebelles ont fait la démonstration de leur faiblesse et que les Etats-Unis ont quelques raisons de douter de l’issue du conflit, la question « mais qui sont au juste ces opposants ?” revient en force.
L’amiral James Stavridis, commandant des forces de l’OTAN en Europe, a reconnu mardi lors d’une audition au Sénat que les renseignements occidentaux ont des « soupçons » de présence d’Al-Qaïda ou aussi du Hezbollah parmi les opposants libyens. Les services américains se souviennent surtout qu’en Irak, ils avaient capturé de nombreux combattants libyens plus ou moins affiliés à Al-Qaïda et pour la plupart originaires de l’est de la Libye où les rebelles sont aujourd’hui à l’oeuvre. Pour Bruce Riedel, ancien officier de la CIA et conseiller occasionnel de l’administration Obama, Al-Qaïda joue bel et bien un rôle dans la révolte libyenne: “Il est pratiquement certain qu’au moins une partie” de l’opposition inclut des membres d’Al-Qaïda, a-t-il expliqué au Washington Post, rappelant que par le passé les opposants anti-Kadhafi à Benghazi ont été “associés de très près à Al-Qaïda”. “J’espère que nous avons bien évalué maintenant l’opposition en Libye, poursuit Riedel, et que nous pouvons dire que cela (les éléments associés à Al-Qaïda, ndlr) représente 2% et pas 20%”. A ce jour, l’estimation officielle des services américains reste que la plupart des rebelles sont plutôt des “good guys” et n’ont pas grand chose à voir avec Al-Qaïda. L’amiral Stavridis l’a assuré: “Les renseignements que je reçois pour le moment me donnent l’impression que les dirigeants que je vois sont des hommes et femmes responsables qui se battent contre le colonel Kadhafi”.
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