America United

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La mort de Ben Laden est une victoire incontestable pour les Etats-Unis et pour le président Barack Obama, même si, en la matière, il n’a fait que poursuivre la stratégie de son prédécesseur. Cette victoire symbolique permet de faire enfin le deuil des attaques du 11 septembre 2001, dans lesquelles plus de 3.000 personnes ont perdu la vie. Près de dix ans après la tragédie, la nation américaine, à certains égards plus divisée que jamais, tiraillée entre les aspirations sociales de la présidence et une vive rébellion contre l’Etat fédéral, retrouve son unité.

C’est peu dire que les Etats-Unis ont douté depuis dix ans. Douté de la pertinence d’une stratégie manichéenne au Proche-Orient, douté de leurs leaders lorsqu’ils claironnaient, contre toute évidence, « mission accomplished » en mai 2003 en Irak, puis douté de la solidité de l’économie américaine, minée de l’intérieur par la finance et attaquée, dans ses bases industrielles, par les pays émergents.

Ce moment d’union et de fierté nationale, bien sûr, ne durera pas. Mais le président Obama, qui vient d’entrer en campagne pour sa réélection, a inscrit l’événement dans l’histoire longue d’une Amérique qui « peut tout » lorsqu’elle le décide, qu’il s’agisse de la « quête de la prospérité », de la « lutte pour l’égalité de tous » ou du combat pour « [ses] valeurs dans le monde ». Bref d’un pays qui, mieux que les autres, sait s’unir pour rebondir.

S’agissant de « l’ennemi numéro un » de l’Amérique, le président américain s’était toujours inscrit dans la continuité de son prédécesseur, George W. Bush. « Je veux la justice, je le veux mort ou vif », avait dit ce dernier peu après le 11 Septembre. « Justice est faite », a annoncé Obama à la télévision en des termes que n’aurait pas reniés l’ancien président texan.

Certes, à cette forme de justice, et quelle que soit l’horreur absolue que pouvait inspirer le personnage de Ben Laden, celle des hommes est préférable à celle des armes, ne seraitce que pour confronter le bourreau au regard de ses victimes, ne serait-ce que pour montrer au monde son vrai visage, celui du monstre et non pas du martyre qu’il prétendait être.

La mort du chef d’Al-Qaida intervient toutefois à un moment singulier de l’histoire du monde arabe, où ce ne sont pas les délires anti-occidentaux du chef terroriste qui mettent les peuples en mouvement, mais tout simplement le désir de liberté. De ce point de vue aussi, Ben Laden est bien mort et les valeurs qu’il combattait bien vivantes.

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