Amazon: A Company without Limitations

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La vieille Amérique a beau être percluse de dettes, paralysée par ses querelles politiques et étouffée par un chômage galopant, elle garde du muscle. La première puissance mondiale n’est pas seulement le royaume de la finance débridée, elle est encore le premier endroit au monde où s’invente l’avenir.

Si celui de la communication s’appelle Google ou Facebook, le futur du commerce se nomme Amazon. Pas le futur du commerce électronique, que l’entreprise domine déjà largement, mais celui du commerce de détail. Et quand Jeff Bezos, qui a ouvert son site en 1995, fanfaronne en prétendant pouvoir dépasser un jour Wal-Mart, la plus grande entreprise du monde avec ses deux millions d’employés et ses 400 milliards de chiffre d’affaires, il faut le croire.

C’est d’ailleurs ce que font les investisseurs boursiers, qui ont le toupet d’accueillir l’annonce d’une dégradation de la rentabilité, déjà faible, d’Amazon, par une hausse spectaculaire de l’action. Une fois de plus, Jeff Bezos les a mis dans sa poche en dévoilant un bond de plus de 50 % des ventes. Comme il leur avait déjà fait avaler, dès son introduction en Bourse en 1997, le fait que son entreprise perdrait de l’argent pendant de longues années (six ans au total) afin qu’elle se bâtisse un futur en béton armé. Et l’on dira, après, que les marchés n’aiment que le court terme !

Le béton, c’est celui d’entrepôts gigantesques, abritant sur plus de deux millions de mètres carrés toutes les marchandises de la terre. Le futur, c’est celui d’un commerce qui va inéluctablement basculer vers la vente en ligne. Pourquoi ? Parce que, depuis que les marchands existent, leur recette est toujours la même : celui qui gagne est celui qui propose le plus grand choix le moins cher possible. Et c’est bien ce que peut offrir Amazon, grâce à la réduction des coûts fixes et à l’optimisation continue des process et de la trésorerie que permet le commerce en ligne.

Et si, en plus, le service est au rendez-vous, pourquoi continuer à fréquenter ces cathédrales des années 1980 que sont les grands centres commerciaux, dont Wal-Mart est l’emblème absolu ?

Bien sûr, le commerce de demain ne sera pas entièrement électronique. Magasins de marque pour l’achat plaisir et commerces de proximité, voire marchés, pour les produits frais seront encore présents au coin de nos rues. Mais la grande distribution généraliste, elle, a du souci à se faire et devra réinventer son modèle.

Combien de temps faudra-t-il pour que la prédiction de Jeff Bezos se réalise ? Au rythme actuel, dix ans, peut-être moins. Entre-temps, Amazon aura probablement consolidé son avance, se déployant dans toujours plus de territoires. L’américain peut évidemment trébucher, victime de sa folie des grandeurs, mais d’autres auront pris sa place. La révolution du commerce ne fait que commencer.

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