Toxic Gifts from the Fed

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La Banque fédérale américaine (FED) a distribué à des taux dérisoires 1 200 milliards de dollars à des dizaines de banques du monde entier entre août 2007 et avril 2010.

Le secret devait être gardé deux ans pour que la distribution de cadeaux, 1 200 milliards de dollars, dissimule les manques de liquidités des banques et écarte tout mouvement de panique provoqué par la vulnérabilité de leurs comptes. Le détail de ces opérations est révélé par une agence de presse spécialisée dans les affaires, Bloomberg, du nom de son propriétaire, milliardaire et maire de New York. Cette manne figure en détail dans un document de 29 346 pages obtenues par l’agence au nom de la loi sur liberté d’information qui permet d’accéder aux sources des organismes officiels. Un « scoop » qui n’en est pas un, car la pratique des prêts par la FED dans les moments difficiles a déjà eu lieu. « L’aristocratie de Wall Street » serait, autre « scoop », la grande bénéficiaire de l’opération.

Les plus grandes banques américaines ont eu la plus grande part des prêts. Tel Goldman Sachs, sauvée en 2008 par les fonds publics, qui affiche de fructueux bénéfices. Mais des dizaines de banques dans le monde ont bénéficié de cette opération de sauvetage, de l’Europe à l’Asie. Parmi elles, la BNP et la Société générale, qui souffrait ces temps-ci des rumeurs de mauvais résultats, après avoir perdu un PDG à la suite de « l’erreur » de l’un de ses traders. Aujourd’hui tout le monde a passé les « stress tests », on publie des résultats réjouissants et tous assurent que tout va bien dans un monde qui pourrait être meilleur. C’est ce que soutenait, vendredi dernier, Bernard Bernanke, le président de la FED, alors que la chute de l’emploi, la baisse de la consommation, la fragilité de l’immobilier frappent les classes moyennes, des employés aux cadres. Elles connaissent déjà les coûts de l’austérité que de nombreux États ont appliqués en sabrant dans le secteur public. Dans son discours à l’assemblée annuelle des banquiers, à Lordstown, Bernanke a entrevu « une période de stagnation prolongée, quels que soient les choix politiques ». Avis aux candidats des présidentielles. De « sévères difficultés » sont annoncées sur le long terme. Mais il n’a pas annoncé l’ouverture de nouveaux crédits que les marchés financiers espéraient. Les prêts toxiques déjà accordés aux taux des plus bas et sans conditions de sécurité, sans obligations de relance pour les entreprises grandes ou moyennes d’investir dans l’emploi, l’éducation, la recherche… ont ravivé la spéculation, au risque d’une contagion entre banques, qui aggrave une crise qui n’a rien à voir avec la dette.

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