L’Amérique d’Obama : son double rendez-vous manqué avec l’histoire
LE PLUS. En s’obstinant à ne pas gracier Troy Davis, en refusant de reconnaître la Palestine, l’Amérique d’Obama a manqué deux rendez-vous historiques, estime le philosophe Daniel Salvatore Schiffer.
Que jamais plus, tant qu’elle n’aura pas aboli l’odieuse et ancestrale peine de mort, l’Amérique ne prétende donner des leçons de démocratie, et surtout pas au nom des droits de l’homme, au reste du monde !
Car cette Amérique, en exécutant froidement Troy Davis cette nuit, vient de prouver à la terre entière qu’elle n’avait que mépris et indifférence pour ces millions d’hommes et de femmes qui réclamaient, à cor et à cri, une justice une peu plus humaine et compassionnelle, tout simplement plus “juste”, envers un innocent.
Silence
Oui : c’est là une tache indélébile désormais, aux yeux effarés des vrais démocrates, sur cette Amérique qui, loin d’être cette grande nation moderne qu’elle se vante d’être, ne vaut guère mieux, en la circonstance, que ces pays ayant recours, en matière de justice, aux méthodes les plus barbares et moyenâgeuses, telles la lapidation ou la pendaison, pratiques communément appliquées là où sévit, de sinistre mémoire, l’obscurantiste “charia”.
Davantage : il vaut apparemment mieux se voir condamné à mort en Iran, là où l’on peut encore sauver sa peau, comme Sakineh, lorsque l’opinion publique internationale implore la clémence des autorités politico-religieuses, qu’aux Etats-Unis, là où nul ne peut venir à votre secours, comme pour Troy, lorsque cette même opinion publique internationale implore une même clémence aux autorités politico-judiciaires !
Paradoxe consternant : les ayatollahs et autres enturbannés de Téhéran, pour intégristes qu’ils soient, se sont avérés moins fanatiques, au bout de ce sordide compte, que les juges en costume et cravate de Géorgie !
Quant à Barack Obama, n’en parlons pas : son fracassant silence, sur cette douloureuse affaire Davis, est indigne, par-delà son manque de courage politique et de clairvoyance intellectuelle, de ce prix Nobel de la paix que le comité d’Oslo lui a, sur l’unique et très mince base de ses beaux mais seuls discours théoriques, un peu trop vite accordé.
J’exagère ? Que l’on considère alors cette encore plus incompréhensible déclaration de ce même prix Nobel de la paix, Barack Obama toujours, lorsqu’il adresse au président de l’Autorité Palestinienne, comme il vient encore de le faire en ce funeste 21 septembre 2011, une fin de non-recevoir, et même la menace de brandir un implacable veto, quant à sa volonté de voir son pays enfin reconnu officiellement par les Nations-Unies.
Oui : l’Amérique d’Obama a manqué là, en s’obstinant a ne pas gracier Troy Davis, d’une part, et en se refusant à reconnaître la Palestine, d’autre part, un double rendez-vous avec l’Histoire !
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