Obama Campaigns against “Big Business”

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Obama fera campagne contre le “big business”

Le départ totalement inattendu du Secrétaire général de la Maison blanche, William Daley, confirme le ton délibérément “anti-business” que Barack Obama a adopté depuis quelques mois. Daley, il y a un an, avait été recruté précisemment pour convaincre le monde des affaires que la Maison blanche n’était pas leur adversaire. La politique de la main tendue n’est restée que symbolique. Tout le discours politique du Président est désormais celui d’un candidat qui a décidé de jouer les défenseurs d’une classe moyenne attaquée par le “big business”.

C’est d’une part un moyen de ratisser à nouveau sur sa gauche dans son électorat démobilisé et déçu. C’est d’autre part une tentative pour répondre à la colère des américains devant leurs difficultés économiques. Cette colère avait été bien canalisée par le Tea Party lors des législatives de 2010. Obama veut reprendre la main pour les législatives et présidentielles de novembre 2012.

Dans ses interventions publiques Barack Obama accuse régulièrement le patronat de vouloir bloquer ses réformes, en matière de finance, de santé ou de pollution par exemple, ce qui est d’ailleurs exact…

Il a défié ce week-end les entreprises de relocaliser leurs emplois aux États-Unis. Il demande à nouveau des augmentations de salaires pour les fonctionnaires. Il fait tout pour rassurer les syndicats. Par ailleurs il bloque l’autorisation du gazoduc Keystone, pour flatter les écologistes qui menacaient de l’abandonner. Et surtout il enfonce le clou de l’idée de plus en plus populaire que les riches doivent payer plus d’impôts, car leur richesse a progressé plus vite que le niveau de vie des américains au milieu et au bas de l’échelle.

Peu importe que le système fédéral d’imposition soit déjà très progressif et permette à la moitié des américains les moins riches de ne pas payer du tout d’impôts sur le revenu. L’important est de jouer sur les images et la perception: trouver des boucs émissaires pour expliquer qu’après trois années de pouvoir, Obama n’a pas pu concrétiser le changement qu’il a promis.

On voit bien que Barack Obama se prépare à affronter Mitt Romney en novembre. Romney est effectivement LE candidat du monde de l’entreprise et de la finance. L’ancien gouverneur républicain du Massachusetts pense que ceux qui ont de l’argent et prennent des risques pour créer des entreprises et des emplois, ou racheter des sociétés en difficulté, ont le droit de s’enchirir davantage. C’est ce qu’il a fait lui-même.

Ce point de vue est contraire au nouveau discours social-démocrate de la Maison blanche: les pauvres sont pauvres à cause des riches qui les exploitent et abusent du système capitaliste.

Le départ de Daley s’explique par les mauvaises relations de ce dernier avec les leaders démocrates du Congrès. Et pour cause, ces derniers sont effectivement eux-mêmes “anti-business”.

Il faut s’attendre à une campagne classique opposant la droite, défenseur de la libre entreprise, et la gauche défenseur de la redistribution des richesses. Le débat urgent sur la réduction des dépenses publiques et de l’endettement est repoussé à l’année prochaine.

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