Do the Americans Dare Elect the Mormon Mitt Romney?

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Les Américains oseront-ils élire le mormon Mitt Romney?

(Caption) Mitt Romney est mormon. Est-ce un obstacle sur sa route vers l’investiture républicaine… et la Maison-Blanche?

La religion de Mitt Romney peut-elle l’empêcher de devenir le challenger d’Obama? Parmi l’électorat républicain, des voix s’élèvent pour protester contre les croyances du favori dans la course à l’investiture.

“Les mormons décoiffent!” C’est Newsweek qui le clamait à sa Une en juin dernier. Les fidèles de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des derniers jours (LDS) ont “conquis Broadway, la radio ou encore le Sénat”. Alors pourquoi pas la Maison-Blanche en novembre prochain? L’idée semble faire son chemin, à mesure que Mitt Romney semble le mieux placé des prétendants républicains pour détrôner Barack Obama.

(Sidebar) Ce qu’en dit la Constitution américaine

Rien! La religion ne fait pas partie des critères établis par la Constitution américaine, sans entrer dans le ressenti des électeurs. Les conditions constitutionnelles sont: le candidat en question doit avoir plus de 35 ans, être né Américain, avoir résidé sur le sol américain pendant au moins 14 ans, et ne pas briguer de 3e mandat consécutif. La foi, mormone ou autre, importe peu.

Le favori de l’establishment, victorieux dans l’Iowa et le New Hampshire, professe en effet cette foi – comme 5 millions d’Américains. Il a même officié comme missionnaire à la fin des années 1960, en France, où vivent actuellement 36 000 des 14 millions de fidèles mormons à travers le monde. La LDS est connue pour ses missionnaires, sa pratique -rejetée en 1890- de la polygamie et son expertise en généalogie, développée pour des raisons religieuses. [Voir notre diaporama sur la jeunesse française de Mitt Romney].

La Constitution ne pose pas de critère religieux pour définir l’égilibilité ou non d’un candidat. Mais seuls 35% des Américains se disent “à l’aise” avec l’idée d’avoir un président mormon, selon un sondage Quinnipiac réalisé en juin dernier. Les plus réticents à accorder leur confiance à Romney restent les chrétiens évangéliques, qui constituent une importante frange de l’électorat conservateur. La frange qu’il va devoir séduire, précisément.

Des évangéliques très réticents

Pour eux, le mormonisme reste une hérésie. Le pasteur Robert Jeffress, soutien du rival de Mitt Romney Rick Perry, l’a même qualifié de “secte” en octobre dernier. Cette dénomination, qui fait débat (aux Etats-Unis et ailleurs), a surtout eu l’effet inverse à celui recherché par le représentant évangélique: plusieurs personnalités comme Glenn Beck (lui-même mormon) ont pris la parole pour dénoncer la “bigoterie” de Rick Perry et soutenir Mitt Romney, note Slate.com.

(Sidebar) Un mormon peut en cacher un autre

Mitt Romney n’était pas le seul mormon en lice: Jon Huntsman est lui aussi mormon. Il a aussi été gouverneur de l’Utah, Etat où se trouve le siège mondial de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Il vient de jeter l’éponge dans la compétition, pour ne plus “se mettre en travers du chemin” de son co-religionnaire. “Son soutien vient clore des années de rivalité entre ces deux cousins éloignés, de façon très bizarre”, commente le Washington Post.

Plusieurs parmi ses partisans évangéliques moins célèbres ont décidé de prendre leur bâton de pèlerin, leur clavier et leur souris pour expliquer leur choix. Leur site, EvangelicalsForMitt.org, propose aux sceptiques de surmonter leurs préventions à son égard en distinguant les convictions personnelles du candidat de ses postures politiques.

D’ailleurs, depuis le début de sa carrière politique dans les années 1990, Mitt Romney lui-même n’a eu de cesse de répéter ce refrain. “Mes croyances personnelles n’ont rien à faire dans une campagne politique”, lançait-il en 1994, lors d’un débat pour des élections sénatoriales qui l’opposait au démocrate Ted Kennedy.

“Puis-je voter pour un mormon?”

Retour en 2012. “Puis-je voter pour un mormon?”, s’interroge l’ancien procureur Ken Starr dans les colonnes du Washington Post, comme de nombreux Américains… Un sondage Gallup montrait en effet en juin dernier que la foi mormone d’un candidat repoussait 22% des électeurs de son propre camp, bien plus que des origines hispaniques, la religion juive, ou le cas d’une candidature féminine (moins de 10%). Seul un candidat gay, une prétendante lesbienne, ou un(e) athée, susciterait plus de rejet dans l’Amérique de 2012!

Ken Starr, pour sa part, répond en contournant la question. “Si le candidat respecte les principes de la Constitution américaine et jure de les défendre, alors les électeurs doivent faire leur choix en fonction de ses qualifications et de ses positions politiques, pas en fonction de son appartenance à une communauté religieuse… ou à aucune”, démontre-t-il, en rappelant que John F. Kennedy était catholique, Thomas Jefferson déiste, ou encore Abraham Lincoln athée.

56% des mormons estiment que les Américains sont prêts à élire un président mormon, selon un sondage de l’Institut Pew paru jeudi dernier.

(Caption) 56% des mormons estiment que les Américains sont prêts à élire un président mormon, selon un sondage de l’Institut Pew paru jeudi dernier.

La Caroline du Sud, où l’électorat conservateur et notamment évangélique est capital, pourrait faire office de test pour Mitt Romney, ce samedi. Il y a quatre ans, il n’était arrivé qu’en quatrième position lors des primaires républicaines, avec 15% des voix. Cette année, il devrait atteindre les 37% selon les derniers sondages qui le donnent vainqueur. Avant ses deux premiers succès début janvier, il peinait à dépasser les 20%, loin derrière un Newt Gingrich dont l’étoile a rapidement pâli.

Trop centriste, trop modéré?

Mais son principal handicap pourrait bien ne pas être sa foi mormone. En Caroline du Sud comme ailleurs, “Mitt Romney pourrait perdre des voix à cause de sa modération politique, plus qu’à cause de sa religion”, estime ainsi notre correspondant aux Etats-Unis. Après le retrait de Jon Huntsman, lui aussi mormon, à son profit, il fait désormais face à quatre rivaux qui l’attaquent par la droite, tentant de l’enfermer dans sa position “centriste” et “modérée”. Ces deux adjectifs pourraient devenir des avantages stratégiques face à Barack Obama: pour l’heure, ils restent des handicaps dans le processus de sélection du candidat républicain.

Le débat qui a eu lieu lundi soir à Myrtle Beach dans cet Etat a illustré le problème de Mitt Romney. Parmi les attaques qui ont fusé, on retrouve la mise en cause de sa fortune personnelle, son action à la tête du fonds d’investissement Bain Capital… mais pas d’allusion à sa foi.

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