Gingrich, Messiah of the Evangelicals

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Gingrich, messie des évangéliques

Tampa (Floride). L’assistance, tous âges mêlés, est recueillie. Les têtes baissées, les yeux clos, les bras tendus, paumes ouvertes. Une messe en plein air? Non, un meeting de partisans de Newt Gingrich, sur l’immense parking du centre sprirituel de River church, une «église du réveil».

Le «réveil de l’Amérique, terre de mission», c’est précisément ce qu’appelle de ses voeux avec ferveur, le maître des lieux, un prêcheur évangélique. Il chauffe l’assistance en attendant le candidat à la nomination républicaine. «Seul Jésus peut guérir les plaies de l’Amérique», assure-t-il. Les calicots agités par le vent, eux, invoquent plutôt le très humain «Newt». Les plaies sont clairement désignées: le meurtre des « bébés non nés», la «prise de contrôle de ce pays par l’islam» et le vol des «droits et libertés de l’Amérique, cette terre où le nom de Dieu est proclamé». Les «Amen» laissent bientôt la place aux «U.S.A.!, U.S.A.!» scandés à perdre haleine, avant la prière au drapeau.

Mais le réveil a commencé: «l’Amérique est de retour» avec Newt Gingrich», proclame un élu local. «Newt va prendre l’Etat de Floride», prophétise une institutrice «non syndiquée». «Nous sommes ici pour sauver ce grand pays, renchérit un sexagénaire émigré de Cuba en 1962. Il va nous ramener l’Amérique que nous aimons».

Voilà justement le sauveur qui monte à la tribune, en compagnie de Callista, sa très blonde troisième épouse. Elle hoche consciencieusement la tête à chacune de ses phrases. «Qui a la capacité d’affronter Obama?» lance Newt Gingrich en moquant son rival Mitt Romney. «Faire campagne depuis six ans [Romney était déjà candidat en 2008], c’est désespérant. Et le désespoir peut conduire à dire n’importe quoi».

Il fait rire «le peuple» auquel il veut rendre le pouvoir, aux dépens du candidat de l’establishment républicain. Il soulève aussi sa colère à l’encontre des «médias de l’élite» qui, selon lui, soutiennent Barack Obama.

Des banderoles le qualifient de «pire cauchemar d’Obama pour les débats». Gingrich vend sa gouaille et son rentre-dedans face au président sortant, «le président des food stamps», autrement dit de l’aide sociale pour les paresseux. Face à moi, «il pourra toujours utiliser un prompteur!», raille-t-il. Les fidèles de l’église du réveil sont ravis. «Dans la campagne, Newt était donné pour mort voila seulement quelques semaines. Aujourd’hui, il peut gagner. C’est une résurrection». Parmi ces évangélique fervents, tout le monde semble avoir oublié les frasques conjugales du candidat.

Tenant par la main Callista, l’ancien président de la Chambre des représentants roule déjà vers un autre «événement» de sa campagne en Floride où les primaires ont lieu mardi 31 janvier mais où le vote est déjà ouvert. Il n’a fait aucune promesse concrète, mis à part «le rétablissement absolu des frontières». «Newt» s’est juste vanté d’être, lui, «un véritable conservateur issu du terrain». Il a su prononcer les mots qu’étaient venus entendre ses fans: «vrai changement à Washington» où «tout est cassé», et «rétablissement de l’exceptionnalisme américain».

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