Edited by Mark DeLucas
Ne le répétez pas, mais Barack Obama est Président depuis janvier 2009. Pourquoi s’alarme-t-il aujourd’hui seulement de l’inéquité fiscale ? Réponse: parceque sa politique de relance par la dette publique n’a pas réussi comme prévu.
Barack Obama a de bonnes chances d’être réélu. Il est à titre personnel, sympathique. Il bénéficie d’un soutien total des médias à l’exception de Fox News et du Wall Street Journal. En outre face à lui les républicains peinent à trouver une candidat aussi “cool”.
Mais surtout, Obama a trouvé la parade à la colère mobilisatrice du Tea Party.
Ce dernier a gagné les élections de mi-mandat en 2010 en recrutant parmi les millions d’américains déboussolés par la crise, prêts à tout, y compris à retourner aux sources des textes des “pères fondateurs” de l’Amérique pour résoudre des problèmes que ces derniers n’auraient pu concevoir en 1787.
Pour gagner en novembre 2012 Barack Obama va récupérer cette colère qui est déclinée différamment par le mouvement “Occupy Wall Street”: les riches s’enrichissent, les pauvres s’appauvrissent, il faut donc bien plus taxer les riches.
65 minutes de discours sur l’état de l’Union…et pas un seul sacrifice demandé aux classes moyennes ! Tous les problèmes de l’Amérique seront résolus si seulement on a le courage de prendre l’argent des riches et de punir les sociétés pétrolières…Génial !
Rappellons d’abord que la moitié des foyers américains ne payent pas l’impôt fédéral sur le revenu. Comme en France d’ailleurs…Rappellons ensuite qu’1% des américains payent 37% de cet impôt. Et les 10% les plus riches en payent 70%. L’idée que l’impôt sur le revenu aux États-Unis n’est pas progressif est totalement fausse. C’est un mensonge collossal. Un brouillard soufflé par le Parti démocrate et MSNBC pour donner aux américains en colère une raison de voter Obama.
Alors que faut-il penser des 14% de taux marginal d’imposition de Mitt Romney ? pourquoi ce taux est-il plus bas que les 25% payés par les américains sur leur revenu imposable entre 69.000 dollars et 139. 350 dollars ? (oui j’ai lu les tables du fisc avant d’écrire ce blog)…
Réponse: parceque Mitt Romney est essentiellement taxé au taux préférentiel réservé à ceux prennent des risques pour financer des entreprises créatrices d’emplois. Ce taux incitatif est issu d’une logique capitaliste qui veut que ceux qui ont du capital (les capitalistes) doivent non pas le faire dormir, mais le remettre en jeu en bourse pour financer des entreprises. Lorsque ces risques sont récompensés, des emplois sont crées, de la richesse est crée, les capitalistes sont rémunérés. La bourse n’est pas un casino. C’est le point de rencontre des épargnants et des investisseurs. C’est là que les petits génies derrière Facebook ou Google vont pour trouver des ressources pour faire grandir leur entreprise.
Est-il normal que ces capitalistes soient moins taxés que les salariés ? C’est un débat intéressant. On peut arguer du contraire. Sous Ronald Reagan par exemple, ils étaient traités à égalité. Il n’est pas évident que l’Amérique crée plus d’emplois lorsque les plus values et dividendes sont moins taxés que les salaires. Il est pourtant logique de l’imaginer. Mais la vérification de cette hypothèse est encore incertaine.
Naturellement le débat est perdu d’avance si l’on mobilise ceux qui payent ZÉRO impôt, qui sont près de la moitié de l’électorat, et qu’on leur explique que tous leurs problèmes seront résolus si, une fois de plus, les autres, les horribles riches, payent encore plus. C’est là que les républicains disent qu’Obama, sous ses airs centriste modéré, est un fait un socialiste français.
BEAUCOUP PLUS IMPORTANT est la question des montants que rapportent la taxation. C’est de cela qu’il faudrait parler. Romney paye en gros 3 millions de dollars d’impôts fédéraux par an. Si comme le propose Barack Obama, on double son taux effectif de taxation, combien cela va-t-il rapporter à moyen terme au Trésor ?
Si vous répondez 6 millions, vous n’avez rien compris à la fiscalité. C’est bien là le problème de Barack Obama.
Il est évident que les “capitalistes” changeront leur comportement si brusquement on double leur taux effectif de taxation. Après quelques années, ils s’arrangeront de manière rationnelle pour prendre moins de risques, moins financer de créations d’entreprises, et préserver au mieux leur patrimoine en minimisant leur taux effectif d’imposition. Trop d’impôt tue l’impôt.
Est-il exact de penser que si on augmente le taux d’imposition sur les plus values et les dividendes, l’Amérique va plonger en récession ? probablement pas. Les républicains exagèrent et dramatisent les choses.
Doubler le taux est-il prudent ? peut-être pas.
L’objectif de la taxation doit avant tout de maximiser les recettes fiscales sans décourager la création d’entreprises. Il y a un point d’équilibre à trouver. Si in fine cela veut dire que les salariés payent, EN PROPORTION ET DANS LEUR TAUX MARGINAL, plus que les capitalistes, ce n’est pas forcément la fin du monde. Ce qui compte n’est pas de satisfaire la jalousie des salariés, mais de générer de la croissance et de réduire le déficit.
Il est dans l’intérêt des salariés et des classes moyennes et pauvres que des riches risquent leur argent pour créer des entreprises. N’oublions pas que le taux de mortalité des jeunes entreprises est énorme. La chute de patrimoine a d’ailleurs été bien plus forte pour les riches que pour les classes moyennes depuis trois ans. C’est tout à fait logique: ils avaient plus à perdre…
L’idée de créer par l’impôt une société égalitaire est acceptée partout en France. Je suis conscient que mon discours est celui d’un extra terrestre. Mais aux États-Unis, l’enrichissement est historiquement non seulement encouragé, mais jugé patriotique car dans l’intérêt de tous. “La marée fait monter tous les bateaux” disait Reagan.
Le problème est que depuis quelques années la marée a fait monter les bateaux des riches bien plus vite que les bateaux des moins riches. Ce problème est réel. Il nécessite un vrai débat. Les républicains ont tort de vouloir l’ignorer.
Mais il y a beaucoup d’autres explications possibles au phénomène de l’inégalité. Ce n’est pas simplement une affaire de fiscalité. La preuve: en Europe aussi le problème existe !
L’accès à l’éducation, la dissolution de la cellule familiale, l’impact de l’immigration sur la pauvreté, sont par exemple des facteurs tout aussi importants pour comprendre l’inégalité croissante.
Partir du principe que les riches méritent d’être punis, simplement parcequ’ils sont riches est une idée très européenne. Elle peut cependant séduire les américains cette année.
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