Romney Seized by Paranoia

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Mitt Romney aura tout fait pour arriver en tête des primaires Républicaines et être le challenger d’Obama en novembre prochain. Son conseiller a beau déclarer, candide, qu’après les primaires, c’était comme une ardoise effaçante, qu’il suffira de la secouer pour que l’on reparte à zéro et que l’on oublie les propos démagogiques lancés uniquement pour séduire la frange la plus extrémiste de l’électorat, il n’est pas sûr que les Américains oublient. Le dernier exemple de la paranoïa démagogique est celle du prix de l’essence dont la flambée serait un “complot” (sic) de Barack Obama.

Michel Audiard a écrit qu’un “con ça ose tout, c’est même à cela qu’on le reconnaît”. On pourrait dire la même chose d’un démagogue. Sans aucune vergogne, dimanche dernier, sur Fox News _ where else ? _ Romney a expliqué que l’envolée du prix de l’essence était en fait le résultat d’un complot du président. Pourquoi pas responsable également du tsunami au Japon, de la crise financière, de la disparition des baleines et du réchauffement climatique? Rectification: le réchauffement climatique est une supercherie inventée par les Démocrates pour contrôler les esprits. Et pourquoi Obama, selon Romney, a-t-il mis en place ce complot: pour porter atteinte à l’American Way of Life, bien sûr, et à l’individualisme symbolisé par la voiture (et Romney qui voulait que Detroit fasse faillite n’est-il pas, lui, le vrai ennemi de l’American Way of Life?).

Ce qui est effrayant dans ces propos délirants, c’est que répétés à longueur de journée, ils finissent par devenir réalité pour des millions d’Américains. Et plus effrayant encore: jusqu’à une période récente, ces propos étaient la propriété exclusive de la frange la plus extrême des paranoïaques du pays, ceux qui croyaient que le fluor dans l’eau du robinet était un complot communiste pour contrôler l’esprit des Américains, ou bien que que gouvernement avait implanté une puce sous la peau de ses citoyens pour les espionner. Aujourd’hui, le GOP est porteur de ce message et que pas un seul de ses leaders n’ait dévié de ce message.

Si l’électorat a une bonne mémoire, il va être difficile à Romney, en novembre prochain, d’expliquer que tous les mensonges et toutes les paranoïas de ces derniers mois n’étaient qu’une bonne blague. C’est Obama qui pourrait bien en rire.

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