Primaries with a Moral

OPD 4/18

Edited by Peter McGuire

 

 

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L’argent ne fait pas (toujours) le bonheur. Aux Etats-Unis, le retrait de Rick Santorum de la course à l’investiture républicaine donne à Mitt Romney la quasi-certitude d’être en novembre le challenger de Barack Obama, mais ces primaires laisseront des traces : leur violence est proportionnelle au nombre de millions de dollars qu’elles mobilisent. Si l’élection présidentielle américaine promet de battre tous les records de dépenses de la part des candidats, c’est parce que les fragiles barrières qui régulaient depuis les années 1970 le financement des campagnes ont été balayées : en janvier 2010, au nom de la liberté d’expression, la Cour suprême a ouvert les vannes en autorisant des « Super Political Action Committees » à récolter des fonds et à les dépenser sans limites, à condition de ne pas promouvoir nommément un candidat. Résultat : chaque prétendant s’est doté d’un « Super-PAC », mais n’a pu l’utiliser que pour critiquer, dénigrer, caricaturer ses rivaux à coups de spots publicitaires. Mitt Romney n’a pas été le moins agressif dans ce jeu de massacre, mais sa situation de favori l’a aussi particulièrement exposé : ses adversaires ont donné de lui l’image d’une « girouette » changeant de discours en fonction de son auditoire, son programme est une « ardoise magique » qui s’efface quand on la secoue, on a glosé sur son appartenance à l’Eglise mormone, on l’a traité de « socialiste » pour avoir mis en place un système d’assurance-santé dans son Etat, le Massachusetts, mais ses concessions à la droite républicaine sur l’avortement ou l’immigration lui aliènent une partie des électorats féminin et hispanique. Sans oublier les allusions, plus ou moins explicites, sur l’origine « spéculative » de sa fortune.

Il y a là, en somme, de quoi réjouir un moraliste : l’argent qui pervertit le jeu démocratique se retourne contre ses utilisateurs, et les dépenses des primaires républicaines auront surtout servi… au président-candidat démocrate. Mais l’élection n’a lieu que dans sept mois et, en politique, les images changent vite.

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