American Diplomacy: Washington Can Really Do Better in Africa

Edited by Audrey Agot

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Malgré ses racines, Barack Obama n’a pas privilégié les chefs d’État du continent dans ses rencontres.

« Quand il nous a reçus, le président Obama nous a dit qu’il voulait bâtir les relations des États-Unis avec l’Afrique sur une base transparente à travers les agences et institutions américaines, plutôt que de faire jouer les réseaux personnels », se souvient Gondeu Ladiba. Cet universitaire de 33 ans a fait partie des « cent jeunes leaders africains » invités à la Maison Blanche en août 2010. Ils n’étaient pas là pour leur connaissance des États-Unis, mais pour leur engagement local. Une rencontre voulue par Barack Obama pour marquer le renouvellement des liens entre la première puissance mondiale et l’Afrique subsaharienne. De fait, Barack Obama n’a guère fait jouer son propre réseau, privilégiant l’action des ambassades. En cinq ans de mandat, il ne s’y est rendu officiellement qu’à deux reprises.

Observation

Au Maghreb, depuis les soulèvements du printemps 2011, les Américains doivent composer avec de nouvelles équipes. Certes, Barack Obama a rencontré Béji Caïd Essebsi en octobre 2011, alors que ce dernier était Premier ministre de transition en Tunisie. Mais il n’a encore vu aucun des nouveaux dirigeants pour l’instant. Sa secrétaire d’État a toutefois effectué cinq voyages en Afrique du Nord, dont deux dans la Tunisie postrévolutionnaire.

En février dernier, Hillary Clinton a pu s’entretenir avec les nouveaux leaders tunisiens, dont le président, Moncef Marzouki, ainsi qu’avec les représentants de la jeunesse et des associations féminines. Elle est ensuite passée brièvement à Alger, pour échanger avec le président, Abdelaziz Bouteflika, mais aussi avec des membres de la société civile, marquant ainsi sa volonté de varier les interlocuteurs. Enfin, au Maroc, où elle a inauguré la nouvelle ambassade américaine de Rabat, elle a été reçue par l’ancien ministre des Affaires étrangères Taïeb Fassi Fihri, vieil habitué de Washington. Mohammed VI, attentif aux relations avec l’Amérique, était alors justement en visite privée aux États-Unis.

De si coûteuses relations

Barack Obama avait tenté de limiter leur influence en arrivant à la Maison Blanche. En vain. Les lobbyistes restent omniprésents. Ils étaient 12 600 en 2011, selon le Center for Responsive Politics. Informelle en Afrique, c’est au contraire une activité légale aux États-Unis. Le premier amendement à la Constitution reconnaît à chacun le droit de représenter ses intérêts en adressant des pétitions au gouvernement. Pour plus de transparence, les lobbyistes doivent depuis 2006 fournir le détail de leurs activités au Congrès, qui les publie sur internet.

Les dépenses américaines en la matière ont augmenté de plus de 1 milliard de dollars (804 millions d’euros) entre 2001 et 2011 pour s’établir à 3,32 milliards de dollars. Les pays africains, quant à eux, ont investi 150 millions de dollars environ sur la même période, révèle le cabinet GwethMarshall Consulting. Les États pétroliers comme le Nigeria, l’Angola ou le Gabon sont les plus prompts à investir. Du côté des francophones, le Sénégal, le Cameroun et le Burkina Faso arrivent en tête. Aziza Albou Traoré

Au sud du Sahara, John Atta Mills est le seul chef d’État africain à avoir reçu chez lui, au Ghana, le président américain, en raison de sa bonne gouvernance. Peu de leaders africains ont eu le privilège d’une réception officielle. Symboles pour Obama d’une alternance démocratique salutaire, l’Ivoirien Alassane Dramane Ouattara, le Nigérien Mahamadou Issoufou, le Guinéen Alpha Condé et le Béninois Boni Yayi ont été reçus à la Maison Blanche en juillet 2011. Toutefois, le président américain n’avait pas négligé les intérêts économiques de son pays en accueillant auparavant, en juin, deux dirigeants d’États pétroliers, le Gabonais Ali Bongo Ondimba et le Nigérian Goodluck Jonathan. Quant à la favorite de l’administration américaine, la présidente libérienne Ellen Johnson-Sirleaf, elle avait été reçue en mai 2010. La dame de fer africaine, diplômée de Harvard et Prix Nobel de la paix, est aussi la seule à avoir eu l’honneur de recevoir à deux reprises la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, à Monrovia, en août 2009 et en janvier 2012, juste après sa réélection.

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