États-Unis : ticket, please !
Mitt Romney continue à chercher son colistier républicain pour la présidentielle américaine de novembre. Un choix délicat tant les candidats abondent.
Face au ticket démocrate Barack Obama-Joe Biden, qui sera le compagnon de route (ou de déroute) de Mitt Romney ? S’il est un sujet qui préoccupe actuellement le candidat républicain à l’élection présidentielle américaine du mois de novembre, c’est bien le choix de son colistier. Avec un impératif : éviter le renouvellement du fiasco de 2008, quand John McCain avait, à la surprise générale, porté son choix sur la catastrophique Sarah Palin (au détriment, d’ailleurs, de Romney, un temps envisagé). Peut-être le pire choix jamais fait par un candidat à la présidence.
Mitt Romney, qui ne laisse jamais rien au hasard, a confié cette tâche à Beth Myers, sa plus proche collaboratrice, qui s’est alors isolée à dessein du reste de l’équipe. Dans son QG de Boston, elle épluche inlassablement les CV des prétendants, explore les recoins de leur passé, analyse leurs réponses au questionnaire très touffu qu’elle leur a envoyé… Elle passe ensuite à une évaluation plus politique. L’aspirant vice-président est-il suffisamment conservateur pour la base du parti, tout en ne rebutant pas les indépendants ? Vient-il d’un État électoralement stratégique ? Ne risque-t-il pas de faire de l’ombre à Romney, dont le charisme laisse beaucoup à désirer ? Dans plusieurs interviews, Romney lui-même a dressé le portrait-robot du running mate (« colistier ») idéal. Les trois qualités essentielles qu’il exige de lui ? Une expérience gouvernementale, une carrure d’homme d’État (puisque le vice-président remplace le président en cas d’empêchement) et une loyauté à toute épreuve.
Rien n’a encore filtré de cette sélection très secrète. Beaucoup de noms circulent donc. Parmi eux, ceux de Marco Rubio, jeune sénateur de Floride d’origine cubaine, Tim Pawlenty, ancien gouverneur du Minnesota et candidat malheureux aux primaires, Paul D. Ryan, jeune loup ultraconservateur représentant du Wisconsin, et même Chris Christie, le fantasque gouverneur du New Jersey. Lors d’un show sur NBC, Romney a eu un mot pour chacun. Christie ? Il est « insubmersible ». Ryan ? Très « créatif » ? Rubio ? L’« incarnation du rêve américain ». Pourtant, aux dernières nouvelles, c’est Rob Portman, le terne sénateur de l’Ohio, qui semble tenir la corde, alors que le choix Rubio serait sans doute plus judicieux. Étoile montante chez les républicains, chouchou du Tea Party et élu d’un État crucial, ce dernier présenterait en effet l’avantage d’attirer dans le giron du Grand Old Party une partie de l’électorat latino, qui incline plutôt en faveur d’Obama.
La date à laquelle Romney fera connaître sa décision est encore top secret. Ce sera au plus tard le 29 août, lors de la convention du Parti républicain, à Tampa (Floride), mais peut-être dès le courant du mois de juillet, pour permettre aux duettistes républicains de croiser le fer avec les démocrates pendant la majeure partie de l’été.
Problème
S’il est élu, Romney sera alors confronté à un autre problème. Il lui faudra surveiller les faits et gestes de son vice-président, qui, s’il n’a que peu de prérogatives constitutionnelles, peut s’arroger un vrai pouvoir… de nuisance. On a vu l’impétueux Joe Biden, à qui l’on prête des ambitions présidentielles, mettre Obama en difficulté en se déclarant en faveur du mariage gay alors que le chef de l’exécutif tenait à ne surtout pas aborder le sujet. Résultat : deux jours plus tard, ce dernier a été contraint d’abonder dans le sens de Biden. Une mésaventure que Romney s’efforcera à tout prix d’éviter.
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