Eté sanglant à New York : l’échec de la politique anti-armes du maire
Depuis son arrivée à la mairie de New York en 2002, Bloomberg a fait de la politique « anti-armes » sa principale stratégie pour enrayer la violence à New York.
Il a engagé une politique très controversée appelée « stop and frisk » (« Arrête et fouille ») qui permet à un agent de police d’arrêter et de fouiller tout individu suspect de dissimuler une arme.
Problème : les résultats ne sont pas au rendez-vous. L’été et ses grosses chaleurs s’accompagnent généralement d’un regain de violence à New York, mais les chiffres de ces dernières semaines ont dépassé les estimations les plus alarmantes.
Selon la police, douze personnes ont été victimes de blessures par balle durant la seule soirée du 4 juillet, jour de la fête nationale, et 17 toute la journée – trois personnes sont mortes. Le pic d’une semaine toute aussi sanglante, avec 77 personnes blessées par balles et 21 morts, principalement dans certains quartiers de Brooklyn et du Bronx.
Ces chiffres sont hausse par rapport à l’année dernière où, durant la même semaine, 60 personnes avaient été victimes d’armes à feu, dont 18 décédées, selon le New York Post.
Le maire Michael Bloomberg a qualifié cette semaine d’« aberration ». Mais depuis début janvier, la police a enregistré une hausse des blessures par balles de 10% par rapport à l’année précédente… Interrogé par des journalistes sur les solutions possibles, le maire, visiblement énervé, a répété mettre tout en œuvre pour enrayer le crime et la circulation des armes à feu.
Polémique autour du « stop and frisk »
On peut comprendre son embarras. Depuis la mise en place de « stop and frisk » en 2002, les fouilles et interrogations de citoyens auraient augmenté de 600% – de 97 000 en 2002 à presque 700 000 en 2011. Non sans affecter la cohésion des New-Yorkais : selon l’Union pour les libertés civiles de New York (NYCLU), 80% des personnes interrogées sont latino-américaines et afro-américaines alors que ces deux communautés ne représentent que 54% de la population.
Leurs représentants dénoncent une politique inefficace et discriminatoire de la police, en soulignant que seulement 10% des « stop and frisk » ont mené jusqu’ici à une inculpation.
Le New York Times s’est fait le relais de ces dérives en publiant ce week-end un article sur un jeune Afro-Américain qui affirme avoir été arrêté plus de 60 fois avant ses 18 ans.
Dernièrement, plusieurs juges ont cassé des inculpations sous prétexte que les arrestations n’étaient pas justifiées. Un revers pour le New York Police Department (NYPD) et le maire, qui ont décidé de défendre coûte que coûte leur politique.
Bloomberg défend la police
Lors d’une conférence de presse à Harlem la semaine dernière, Ray Kelly, le chef du NYPD, a dénoncé l’attentisme de ces communautés, plus promptes à critiquer le travail de la police que de réagir.
Il a affirmé que « 96% des victimes par balles à New York sont noires et latino-américaines ».
Au mois de juin, le NYCLU (une association de défense des libertés à New York) a effectué un recours collectif auprès du tribunal fédéral pour violation des droits civils par la police et organisé une manifestation silencieuse de plusieurs milliers de personnes à Manhattan, toutes communautés confondues, exigeant une réforme de la loi.
Si le maire a reconnu la nécessité d’améliorer la politique du « stop and frisk », il n’apprécie guère les critiques lancées contre le NYPD et l’a dit haut et fort lors d’un discours tenu dans le Queens, un district a forte minorité latino.
Il a ainsi comparé le NYCLU à la National rifle association (NRA), l’Association de défense des armes, l’accusant de défendre une idéologie plutôt que de vouloir sauver des vies.
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