Edited by Peter L. McGuire
Romney met la faillite de l’État providence au coeur de la campagne
Mitt Romney est de droite. Il va faire campagne à droite. C’est donc certainement un homme dangeureux, si j’ai bien compris le New York Times. L’Amérique est pourtant un pays où il n’est pas interdit d’être libéral et capitaliste.
Son colistier, Paul Ryan, partage ses convictions libérales. Même si les idées de ce dernier pour réduire l’endettement public ne sont pas totalement reprises par le candidat républicain à la présidence.
L’Amérique va donc peut-être s’offrir une vraie campagne électorale. À la différence de ce qui s’est produit dans un certain pays que nous connaissons bien, les vrais problèmes seront explicitement posés: cette crise n’est pas conjoncturelle. Elle est structurelle. Pour la résoudre il faut réinventer le système.
Faire semblant de croire que l’État providence peut être rafistolé est peut-être une bonne idée pour être réélu. En revanche ce n’est pas le bon diagnostic sur la situation actuelle.
Depuis plus d’une décennie l’endettement incontrôlé aux États-Unis ne produit plus les résultats attendus. La médiocrité de la croissance, l’insuffisance des recettes fiscales, l’impuissance de la politique monétaire, la dépendance de générations entières à l’égard de programmes sociaux dépourvus de financement, l’échec de la réglementation bancaire à protéger le contribuable de risques pris par une minorité de spéculateurs, autant de vrais problèmes posés par les républicains. Ce sont des problèmes qui fâchent. Les solutions avancées sont dures. Impopulaires. Incompatibles, disent les sondeurs, avec une victoire électorale en novembre.
Au contraire Barack Obama jusqu’à présent a fait campagne en dénigrant son adversaire. Il a du coup évité de poser ces problèmes. Il parle de défendre la classe moyenne. Il croit pouvoir sauver l’État providence en faillite en taxant les riches. Lorsqu’on lui parle du doublement de la dette publique depuis son arrivée à la Maison blanche, il explique que c’est la faute des républicains….ceux là même qui n’ont pas voté son plan de relance par la dette…
L’objectif démocrate: rendre Romney odieux, parcequ’il est riche. Parcequ’il a réussit en restructurant des entreprises. Parcequ’il ne croit pas que l’État soit vraiment créateur de richesse. Parcequ’il ne croit pas que prendre l’argent des riches pour le donner aux syndiqués et aux pauvres va réduire les inégalités. Parcequ’il ne pense pas que voler les jeunes pour donner aux moins jeunes est une politique responsable et progressiste. Barack Obama pense que pour sauver l’État providence, il faut plus d’État providence, c’est à dire plus d’impôts, plus de transferts sociaux, plus de réglementation. Son modèle, même s’il ne le dit pas, c’est l’Europe social-démocrate. Voilà pourquoi les français adorent Barack Obama. Voilà pourquoi on leur explique que Mitt Romney est un affreux mormon.
Romney est-il “superman” ? certainement pas. Fait-il des gaffes ? parfois oui. A-t-il tendance à changer d’avis suivant son auditoire ? on peut le penser. Les républicains auraient-ils pu trouver une meilleur candidat ? certainement. Mais Mitt Romney a aussi prouvé qu’il pouvait gouverner un État très démocrate, le Massachusetts, de manière honorable. Précisemment parcequ’il vient du monde de la finance, il est pragmatique.
Que l’on apprécie ou non les solutions proposées par Paul Ryan, chacun reconnaît que le député du Wisconsin se distingue du lot à la Chambre des représentants. Il ne se contente pas simplement de slogans et de généralités en vue de flatter telle ou telle catégorie d’électeurs. Pendant que d’autres élus du Parti républicain et du “Tea Party” promettent de “réduire les dépenses publiques” mais se gardent d’entrer dans le détail, Paul Ryan ose parler de ce qui fâche.
Lucide, il part du principe que la crise actuelle n’est pas conjoncturelle mais structurelle. Il affirme que la réduction de l’endettement public est impérative. Obama veut encore la reporter à demain. Il ose dire que des raisons démographiques et budgétaires obligent à détricoter les régimes sociaux nés du “New Deal” du Président Franklin Roosevelt et de la “New Society” du Président Lyndon Johnson.
Il propose ainsi une privatisation partielle du très populaire régime fédéral d’assurance maladie (Medicare) qui couvre 48 millions d’américains en retraite. Il veut donner aux États la liberté de gérer comme ils l’entendent les aides aux pauvres et défavorisés (Medicaid). Il souhaite une élimination de nombreuses déductions fiscales populaires en échange d’une forte baisse des taux marginaux d’imposition sur le revenu. En matière de fiscalité des entreprises, il prône la même démarche: réduire la taxe sur les bénéfices, mais supprimer les exemptions qui rendent incompréhensible et contre-productif le code des impôts. Toutes ces propositions font de lui à la fois une cible facile pour Barack Obama, et un homme indispensable pour un républicain qui brigue la Maison blanche.
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