Si la crainte de voir Mitt Romney accéder à la Maison Blanche ne nous serrait pas la gorge, on rirait volontiers avec la blogosphère qui se régale des propos du Républicain sur les femmes lors de son débat avec Barack Obama. Un peu comme ceux qui se disent non racistes parce qu’ils connaissent un étranger, Romney a voulu faire croire qu’il était du côté des femmes lorsqu’il était gouverneur du Massachusetts — ce qui n’était pas le cas, mais on y reviendra. Pour avoir l’air de sortir une carte de sa manche, Romney a donc déclaré qu’il avait “des classeurs remplis de femmes”. En VO: “Binders full of women”. La phrase est devenu culte en une nano seconde.
Ce pauvre Romney qui vit encore en 1952, a sorti une des explications les plus bizarres qu’il ait été donné d’entendre pendant une campagne politique. Affirmant qu’il avait été choqué par l’absence de femmes aux échelons les plus élevés de son administration, il se serait tourné vers des organisations féminines pour qu’elles lui communiquent le nom de femmes qualifiées. A la suite de cette requête, Romney a donc reçu des “classeurs remplis de femmes.”
Aussitôt, tumblr a publié une série de parodies, Twitter a ouvert le compte @Romney_binders qui compte, au moment où l’on écrit, près de 15.000 followers. La page Facebook, ouverte dans les minutes qui ont suivi cette perle a plus de 200.000 “likes”. Ce classeur risque de peser au cou de Romney le poids d’une meule.
Parce que derrière cette rhétorique qui témoigne tellement bien de l’absence d’oreille du Républicain, il y a la réalité. D’abord, ce n’est pas lui qui a contacté les organisations féminines, mais le contraire. Elles s’étaient organisées bien avant son arrivée à la tête de l’Etat pour recenser les femmes qui pourraient postuler à des postes élevés dans l’administration. Ensuite, le nombre de femmes à des postes importants a décliné pendant l’administration Romney, selon une étude de l’université du Massachusetts.
Et à Bain, que Romney a dirigé pendant 15 ans, il n’y avait que sept femmes sur les 87 postes de senior exécutives, soit 8%, selon Bloomberg BusinessWeek.
Surtout, Romney se veut l’allié des femmes alors qu’il a proposé de couper les fonds à Planned Parenthood, le Planning Familial, qui vient en aide aux femmes les plus modestes non seulement pour la contraception, mais pour le dépistage du cancer cervical, les mamogrammes, etc.
En conclusion, toujours pour montrer qu’il était l’allié des femmes, Romney a raconté l’histoire de sa chief of staff qui avait deux enfants en bas âge et donc ne pouvait rester au travail jusqu’à 7 ou 8 heures le soir, parce qu’elle devait rentrer pour s’occuper d’eux et “faire le dîner”. Comme en 1952, une femme ne peut rentrer que pour faire le dîner et s’occuper de ses enfants. Bienvenue dans la machine à remonter le temps.
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