Edited by Jonathan Douglas
Aucun doute : Obama était considérablement meilleur, plus engagé, concentré, agressif et surtout, plus attentif aux contraintes de l’arène électorale que lors de son premier débat du 3 octobre.
Il n’a pas manqué de punch, en mouchant, par exemple, Romney qui s’acharnait à dénoncer les manquements de la Maison Blanche lors de l’attaque de la représentation américaine en Libye. Obama a ainsi usé (abusé ?) avec talent de sa stature présidentielle pour rappeler qu’il avait, lui, accueilli les dépouilles des victimes, tandis que son adversaire attisait la polémique sur les circonstances du drame. Soit, aussi trivial soit-il, l’échange sur les investissements personnels de Romney en Chine, un pays que le Républicain condamne comme le mauvais joueur mondial, aura au moins ravi la base démocrate. Sommé par Romney de regarder où était placé son propre fond de pension, Obama lui a répondu qu’il ne passait pas « son temps à le regarder, vu qu’il était moins gros que le sien ».
Hormis la révélation, tant attendue, d’Obama comme un « alpha male » enfin désireux d’en découdre, le débat n’aura pas apporté grande information sur le fond. Les deux candidats ont une fois de plus rivalisé de programmes fiscaux et économiques vagues et inchiffrables, au désavantage, certes, du Républicain, une fois de plus incapable d’éclaircir quelles niches fiscales il entendait supprimer pour baisser les taux de l’impôt sur le revenu sans aggraver le déficit. Et quelle classe sociale profiterait le plus de ses largesses.
Dans ce débat forum, une question du public sur la politique d’immigration a eu le mérite de révéler les ambigüités des deux camps. Romney était le plus anti immigrant des Républicains pendant les primaires, une particularité qui lui coute cher auprès de l’électorat latino aujourd’hui. Obama, de ce point de vue, n’a pas été si clair. Les expulsions de clandestins n’ont jamais été plus nombreuses que durant son mandat, et son hésitation à proposer au Congrès une vraie réforme de l’immigration s’expliquent autant par la hargne de la droite que par celle des cols bleus américains au chômage.
Les téléspectateurs esperaient-ils tant que cela s’informer sur leurs programmes. Le débat, comme le précédent, était avant tout l’occasion pour chacun d’entre eux, d’étoffer leur capital de sympathie, une « likability » essentielle pour doper la participation électorale et amadouer les rares indécis. Romney, s’il a perdu ce soir, n’est pas pour autant revenu à son image d’empoté distant d’avant le premier débat, mais il voit sa dynamique inespérée du 3 octobre se ralentir et peut-être bientôt s’enliser. Obama a enfin prouvé qu’il était dans la course, et rappelé son étrange paradoxe : malgré le talent qu’il avait montré en 2008 à incarner l’espoir, le Président semble toujours incapable de vraiment rassurer…
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