Obama at the Polls

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Michelle vient d’envoyer son bulletin par la poste, mais Barack Obama, pour le symbole, a cru bon de faire un petit saut de 1500 kilomètres après un meeting en Floride pour accomplir son devoir civique dans son fief de Chicago, où le Early Voting, le vote anticipé commence aujourd’hui, deux semaines avant la date officielle du 6 novembre.

Son geste rappelle l’une des bizarreries du système électoral américain : dans 34 Etat, plus le district de Columbia comprenant Washington, les élections ont déjà commencé. L’Iowa a même ouvert ses bureaux de vote dès le 25 septembre, et plus de 6 millions d’électeurs ont déjà fait leur choix alors que les deux candidats poursuivent leurs frénétiques marathons de campagne.

Jusqu’alors limité en général au vote par correspondance, ou à des citoyens pouvant justifier d’une impossibilité majeure de se rendre au scrutin à la date « normale », le early voting est cette année plus répandu que jamais, après le passage de nouvelles lois électorales dans près d’une dizaine d’Etat. L’objectif ? Augmenter la participation électorale américaine, réduite à 64% même lors de l’élection historique de Barack Obama en 2008.

Le jour officiel du scrutin, le premier mardi suivant le premier lundi de novembre, est certes un jour travaillé, ce qui constitue un handicap pour nombre d’électeurs employés loin de leurs domiciles ou dépourvus de voiture. Le vote anticipé offre ainsi un avantage aux milieux les plus modestes, en particulier les électeurs noirs ou latinos, majoritairement démocrates, mais connus pour leur faible participation au vote.

On comprend mieux ainsi l’acharnement des républicains à limiter cette option, en particulier dans les swing states, des Etats en ballotage décisifs où l’élection pourrait se jouer cette année d’un point ou deux. Des recours en justice par la campagne de Mitt Romney ont ainsi échoué le 5 octobre dans l’Ohio, et l’assemblée d’Etat de Caroline du Sud a organisé un véritable blocus législatif pour interdire le vote anticipé.

Ce scrutin avantage certainement le parti démocrate, dont le réseau militant excelle à organiser les votes de masse, embarquant les électeurs noirs après la messe du dimanche à plein autocars vers les bureaux de vote, assurant l’inscription des hispaniques sur les listes électorales. Le surcroit de participation inquiète tant les républicains que ces derniers ont multiplié les restrictions légales dans plus de vingt Etats dont ils contrôlent les assemblées, limitant les horaires d’ouverture des bureaux de vote les week ends, multipliant les nouvelles exigences sur les preuves d’identité nécessaires à l’entrée dans les bureaux de vote. Des mesures visant essentiellement les minorités ethniques, les moins familiarisées avec la bureaucratie locale.

Il n’empèche : les premiers sondages de sorties d’urnes confirment une avance de 10 point pour Obama en Ohio et dans l’Iowa. Un tiers des électeurs américains, parmi les plus partisans et déterminés, devraient s’être prononcés avant le 6 novembre, mais le suspense restera entier jusqu’au dernier jour.

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