Edited by Kyrstie Lane
Le dernier débat ne bouleversera pas la course
Je n’ai rien vu ce lundi soir dans ce troisième et dernier débat, de nature à bouleverser la course à la Maison blanche. La politique étrangère était l’unique sujet du face à face.
Barack Obama a voulu être agressif et peindre son adversaire de la couleur des girouettes. Pour autant Mitt Romney est resté calme. Il s’est parfois défendu, mais surtout a atteint ses deux objectifs évidents. Le premier était d’avoir l’air présidentiel et informé des affaires du monde. Le second était de ne pas faire de gaffe pour ne pas briser la dynamique qui dans les sondages est en train de lui faire gagner du terrain.
Barack Obama en revanche ne peut s’empêcher d’être méprisant et moqueur. Je trouve que c’est agaçant et peu présidentiel. Cette attitude fait semble-t-il plaisir à ses fans ? Mais je crois qu’aux yeux des électeurs indécis, le voir si négatif, alors que par ailleurs il reste si vague sur ses intentions pour les quatre prochaines années, est contreproductif. Un peu de hauteur de vue et moins de supériorité, servirait mieux Barack Obama.
Je trouve aussi que ce dernier donne l’impression de se battre surtout pour sauver son job, plus que pour faire avancer un projet concret d’avenir.
Mitt Romney en revanche a réussi ce soir à faire passer un message important : il ne veut pas faire la guerre. Envahir l’Iran ou la Syrie n’est pas du tout son objectif, contrairement aux insinuations de Joe Biden il y a quelques jours. Il est d’accord pour que les soldats américains quittent l’Afghanistan en 2014. Il n’exclut pas des discussions directes avec l’Iran pour éviter la guerre et obliger Téhéran à abandonner son projet d’arme nucléaire. Mitt Romney pense ainsi s’être suffisamment différencié de G.W. Bush.
Il a aussi réussi à marteler qu’al-Qaïda n’est pas mort, qu’une instabilité dangereuse règne dans le monde arabe, que l’Iran est plus prêt que jamais d’avoir une bombe atomique…et que face à cela Barack Obama ne peut se féliciter du succès de sa politique.
Les solutions présentées par Mitt Romney sont-elles vraiment meilleures ? Je ne trouve pas, mais elles ne sont pas ridicules. Et surtout elles sont moins naïves que celles avancées il y a 4 ans par Barack Obama.
Que conclure de cette soirée ? Le Président sortant peut très bien gagner le 6 novembre.
Sans une majorité dans l’Ohio, Mitt Romney aura du mal à dégager le nombre magique de 271 voix de grands électeurs. Cela reste possible, mais à condition pour le républicain de gagner dans l’Iowa, le Colorado, le New Hampshire et le Wisconsin. Or de tous ces États, à ce jour le Wisconsin semble encore assez nettement dans le camp Obama. Le Nevada et bien sûr la Pennsylvanie pourraient aussi faire basculer l’élection en faveur du candidat républicain. Mais là encore, les sondages pour le moment ne favorisent pas cette hypothèse.
Tout est maintenant affaire de “dynamique”…de “momentum” (d’élan) comme on dit ici. L’expérience passée montre que la majorité des indécis à la dernière minute se range dans le camp du challenger. Si la dynamique des trois dernières semaines continue, Mitt Romney gagnera. Comme on a vu la Floride, puis la Caroline du nord, puis la Virginie passer dans le camp républicain, d’autres États pivots peuvent…pivoter.
Si la motivation des républicains dépasse celle de la coalition inhabituelle qui avait élu Barack Obama en 2008, l’Amérique changera de Président. N’oublions pas qu’il y a 4 ans, la droite républicaine ne s’est pas mobilisée pleinement pour John McCain.
À l’inverse Barack Obama est aidé cette année par des signaux économiques récents moins mauvais que prévu. La remontée de la confiance ces dernières semaines et le début de redressement du secteur immobilier, donnent des arguments au Président sortant lorsqu’il affirme que sa politique porte enfin ses fruits.
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.