Le premier mandat de Barack Obama s’achève. Qu’il soit reconduit dans ses fonctions mardi ou que le républicain Mitt Romney lui succède à la Maison blanche en janvier, sa présidence a été marquée par quelques séries particulièrement anxiogènes assez symptomatiques de l’époque. Voici quelques thèmes récurrents qui furent traités au cours de ces quatre années.
La paranoia
24 avait largement contribué à placer le phénomène sur les rails, mais l’accent était principalement mis sur la lutte contre le terrorisme, sur l’efficacité à se défendre dans un contexte post-11 septembre 2001. Le sentiment paranoïaque a nettement gagné au cours des dernières saisons. D’abord avec une série d’AMC intitulée Rubicon qui n’a pas été reconduite mais qui a laissé de profonds souvenirs. Ensuite, avec Homeland, de deux anciens de 24 qui ont adapté à la sauce américaine une série israélienne.
On est passé dans une tout autre dimension. Celle de la surveillance et de la folie sur fond de théorie du complot qui, elle, demeure une constante malgré les changements d’époque. On est aussi passé de l’après-11-Septembre à l’après Ben Laden.
Dans cette catégorie, on pourrait presque inclure Dollhouse de Joss Whedon.
La catastrophe
Les scénarios de ce type se sont multipliés d’une manière de plus en plus rapide sans qu’aucune proposition ne trouve matière à survivre durablement. On pourrait citer dans le désordre FlashForward, puis The Event, puis Terra Nova et cette année Révolution. Toutes reposent sur l’idée que le monde tel qu’on le connaît n’existe plus. Qu’il va falloir s’adapter, tenter de réinventer de nouveaux rapports sociaux, de constituer une nouvelle structure politique. C’est à la fois la chute d’un empire et l’espoir de bâtir quelque chose de nouveau.
On pourrait ajouter à cette rubrique le remake de V, pour les visiteurs, et The Walking Dead, mais la bande dessinée qui a inspiré la série est bien antérieure à la présidence Obama et donc la référence est légèrement tronquée. Il n’empêche que le phénomène “zombie” a retrouvé une vigueur pendant cette période, de même que celui des monstres et des créatures. De ce qui est étranger. Et on peut citer là American Horror Story.
La crise économique
C’est le pendant de la catastrophe ci-dessus, mais à une échelle individuelle. La fin des repères traditionnels, l’obligation de s’adapter et de repenser son mode de vie. La confrontation avec ses limites et le triomphe de l’antihéros ou du loser. Breaking Bad occupe la première place dans ce registre. Presque tout a été dit sur la série de Vince Gilligan, largement traitée ici. L’autre série est Hung, trois saisons d’une comédie grinçante sur la crise de la classe moyenne blanche américaine, victime de la désindustrialisation, de la crise des subprimes et de la peur de voir disparaître l’American Way of Life.
Le far-west
Ce thème qui fonde le mythe de la création des Etats-Unis d’Amérique a été bien présent au cours de cette mandature. D’abord avec une série comme Justified, sorte de western moderne inspiré d’ouvrages d’Elmore Leonard publiés antérieurement. La référence est là encore plus symptomatique que révélatrice. Mais également avec Southland, illustration du far-west urbain dans les rues de Los Angeles. On pourrait également ajouter Sons of Anarchy, apparue en septembre 2008 et qui s’est développé depuis et dans laquelle les chevaux ont été remplacés par des Harley.
A celles-là se sont ajoutées des productions comme Hell on Wheels qui est une exaltation de l’esprit d’entreprise et de conquête qui ont fondé le rêve américain. Les colons ont légué une tradition de bâtisseurs capables d’affronter les pires adversités pour faire aboutir leur entreprise.
La crise politique
Ou crise de la confiance dans le politique. Elle est illustrée à la perfection par Boss, dramatique de Gus Van Sant diffusée de la chaîne Starz qui se révèle d’un cynisme parfait et assez réaliste en suivant les aventures du maire de Chicago, longtemps considérée comme l’une des villes américaines dont l’administration était la plus corrompue. La référence est clairement faite à l’ancien maire Richard Daley mais la réalisation porte une dimension tragique empruntée aux oeuvres de Shakespeare, Hamlet et Richard III.
Boardwalk Empire explore, elle aussi, à sa manière cette corruption de la politique au travers de la création de la ville d’Atalntic City dans les premières années de la Prohibition. Produite par Martin Scorsese qui a réalisé le premier épisode, elle est une nouvelle démonstration de la fascination des Américains pour la pègre mais aussi une réflexion sur le pouvoir et sur la manière dont il s’exerce en dehors de tous les circuits démocratiques.
La crise de la chanson
Une catégorie à soi seul pouer Glee (les acteurs ont animé une journée à la Maison blanche) et pour les nouvelles habitudes de consommation musicale. Fini le temps des rondelles de vinylel, des albums de 12 titres qu’on écoutait sans désemparer. La mode est aux “singles” et surtout au “remix” ou comment refaire de la musique qui a déjà été faite en essayant de faire croire à ceux qui l’écoutent que c’est mieux après et moins bien avant.
Et vous, qu’avez-vous retenu de ces quatre dernières années ?
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