Lack of Cocktails for the ‘Bohemian Bourgeois’ of TriBeCa

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Ce n’est pas pour faire du business mais pour rendre service à ses voisins que Ron Silver a ouvert les portes de son restaurant, Bubby’s, dans un TriBeCa toujours privé d’électricité. Mais, lorsque les voisins sont des “bobos” pour qui l’ouragan Sandy n’a été qu’une petite contrariété, il n’est pas toujours facile de garder son sang-froid.

“Mardi soir, alors que j’étais seul en cuisine et que je faisais aussi le service, un type m’a demandé de lui préparer un de nos cocktails, un Bee’s Knees, en me disant que c’était sur le menu. J’étais scié ! Je lui ai vite fait comprendre ce qu’il pouvait en faire.”

M. Silver en a vu d’autres, surtout après le 11-Septembre. “Nous avons rouvert dès que le quartier est redevenu habitable. J’aime TriBeCa, cela fait vingt-deux ans que j’y suis installé, je fais ça pour la communauté.” Même si la communauté est composée de millionnaires et de stars. Il est l’un des seuls à l’avoir fait, la plupart des commerces sont restés fermés, les gens ont préféré rester chez eux, tout est désert. A Bubby’s ils étaient une dizaine à déguster le plat du jour, poulet rôti et purée. “Merci Ron, c’est sympa d’être ici”, lui lance un habitué.

“BUFFET GRATUIT”

Quelques rues plus loin, Edward Youkilis a lui aussi décidé d’ouvrir sa brasserie. “Au lieu de jeter la nourriture, [il a] préféré improviser un petit buffet gratuit” sur son trottoir de l’avenue Broadway. Il regarde son horloge, elle s’est arrêtée à 8 h 28 “lundi soir ou mardi matin, ne sait pas au juste, mais toujours le gaz”. Ses cuisiniers, venus en voiture du Queens malgré les embouteillages, préparent des hamburgers. Il y a un peu de salade et les incontournables bagels. Quelques voisins papotent, les policiers qui patrouillent dans le quartier s’arrêtent pour prendre un café. “Eux au moins ils ne me demandent pas d’aspartame.”

Ici “tout le monde adore Edward. Il a fait la même chose après les attentats, mais les circonstances étaient très différentes, nous étions beaucoup plus tristes”. Bobbie Oliver a amené sa raquette, elle s’apprête à jouer une partie de tennis, “ça va me mettre de bonne humeur et puis il fait si beau”. Artiste peintre, elle vient de rater un vernissage de ses oeuvres à Laguna Beach, en Californie. “Impossible d’appeler ma galerie, mon portable ne marche pas.”

Assis à son comptoir, M. Youkilis hésite à rouvrir le bar. “J’ai essayé mardi soir mais j’ai décidé que ça n’en valait pas la peine lorsque quelqu’un m’a demandé des glaçons pour son whisky.” Il ne sait pas s’il va mettre des bougies pour attirer la clientèle ou fermer boutique à la tombée de la nuit. “Sans électricité on ne peut pas utiliser les cartes de crédit, ça devient trop compliqué.”

Puisque TriBeCa est redevenu un peu sauvage le temps d’un ouragan, pourquoi ne pas continuer à braver les éléments et se risquer à enfreindre la loi antitabac du maire Michael Bloomberg. “Ce soir on pourra fumer au bar”, a décrété M. Silver, lui-même fumeur invétéré. “Autant en profiter. Demain je vais devoir trouver un générateur pour mes frigos et commander un nouveau stock de marchandises.” Il faudra inclure de quoi faire un Bee’s Knees : du gin, quelques mesures de citron, un peu de miel ; bien agiter dans un shaker et servir très frais.

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