The Petraeus Affair: Obama, CIA, FBI, All Guilty

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Onze ans après le 11 Septembre, les agences de sécurité américaines ont toujours des faiblesses béantes. À la fois dans leurs moyens d’investigation et dans leur coordination. Entre elles et avec le pouvoir exécutif. Auprès de ces carences du FBI comme de la CIA, les turpitudes, révélées le 9 novembre, d’un général saisi par le démon de minuit ne sont guère plus qu’un révélateur des manquements de ces organismes. Pourtant, le puritanisme américain met aujourd’hui infiniment plus l’accent sur le faux pas du général Petraeus que sur la vulnérabilité à laquelle pouvoir politique et responsables de la sécurité ont, par leur aveuglement, exposé pendant de longs mois les services de renseignements de la première puissance du monde.

Car, même si ce n’est ni admis ni toléré par la morale telle qu’on la conçoit aux États-Unis, l’infidélité du général Petraeus n’est devenue une affaire que parce que le faux pas de celui qui avait été nommé, grâce au soutien appuyé du président Obama, directeur de la CIA a mis la sécurité nationale en péril. À la fois parce que l’accès de sa maîtresse à une boîte mail commune a peut-être été à l’origine de fuites de secrets de la défense nationale qui auraient pu transiter par cette adresse où il recevait ses courriels. Et aussi parce que l’existence même de cette liaison avec sa biographe, la pulpeuse Paula Broadwell, pouvait devenir, pour un service étranger, un moyen de chantage sur le patron de l’agence de renseignements américaine.

Le KGB n’a pas fonctionné autrement pendant toutes les années de guerre froide en mettant dans le lit de diplomates ou de hauts fonctionnaires naïfs des créatures dont la mission était de leur soutirer des renseignements et surtout de les mettre en position de faiblesse si quelques services leur étaient demandés par ceux qui manipulaient les dames. Le Quai d’Orsay se gausse encore de l’apostrophe du général de Gaulle à l’un de nos ambassadeurs à Moscou, rappelé à Paris à la suite d’une de ces “imprudences” : “Alors D…, on couche !”

Minable vaudeville

Petraeus avait rencontré Paula Broadwell en 2006 à Harvard, alors qu’elle préparait une thèse sur l’art du commandement. La jeune femme prolongea par une correspondance très régulière l’interview commencée à l’université de Nouvelle-Angleterre. Elle était allée le revoir quand il avait été nommé à Tampa, en Floride. Elle multiplia surtout les visites quand, en juin 2010, il devint commandant en chef des forces de l’Otan en Afghanistan. Les facilités et notamment l’autorisation de le suivre partout, que le général accorda alors à celle qui, d’étudiante, s’était transformée officiellement en sa biographe, ne manquèrent pas de surprendre les officiers de son état-major.

Mais cette proximité dont on dit, parce que cela arrange aujourd’hui, qu’elle n’était pas encore une liaison ne semble avoir en rien inquiété le FBI et la CIA lorsque Obama décida, dans le courant de l’année 2011, de placer Petraeus à la tête de l’agence de renseignements américaine. Une telle nomination est pourtant toujours précédée d’une enquête serrée des policiers du FBI comme des agents de la CIA. Or ceux-ci n’ont apparemment rien trouvé qui soit de nature à déconseiller au président une telle nomination.

Et c’est seulement 18 mois plus tard, à la suite d’un minable vaudeville révélé par des e-mails injurieux de la maîtresse du général à une autre de ses proches qu’elle considérait comme une rivale potentielle, que le FBI, saisi de l’affaire, prend brusquement conscience que l’infidèle est le patron de la CIA, que des e-mails confidentiels se baladent peut-être dans la nature et que le chef des services de renseignements américains est ipso facto devenu un gibier potentiel de chantage pour une puissance étrangère.

Mercredi soir, dans la première conférence de presse depuis son élection, Obama, après avoir rendu hommage à celui qu’il avait jadis choisi (“nous sommes plus en sécurité grâce au travail qu’il a accompli”), a prudemment ajouté que l’enquête continuait. Et que le FBI lui gardait toute sa confiance. À ce stade, que pouvait-il dire d’autre ?

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