Après l’élection, un moment de grâce…pour deux dindes
Il fait doux ce mercredi dans le jardin aux roses de la Maison Blanche, quand Barack Obama, accompagné de ses deux filles, sort du bureau ovale pour accomplir un rituel désormais bien rôdé : « gracier » deux dindes, à la veille de la fête nationale de Thanksgiving, qui voit chaque année les Américains engouffrer quelque 45 millions de volatiles dodus accommodés de purée de citrouille et coulis d’airelle. Est-ce la nouvelle du cessez le feu entre Israéliens et Palestiniens de Gaza qui vient de tomber sur les ondes? Ou tout simplement le caractère bon enfant de la cérémonie ? En tout cas, le président est de bonne humeur, comme s’il décompressait après la pression formidable de l’élection toute récente et de son voyage en Asie, qui a pris fin 12 heures plus tôt. « Il paraît que la vie est faite de deuxièmes chances, en ce mois de novembre je suis complètement d’accord », commence-t-il.
Il ne se prive pas d’emprunter au vocabulaire de la course électorale, pour décrire les circonstances dans lesquelles les dindes « Cobbler » et « Gobbler », deux énormes volatiles blancs, qui n’en finissent pas de gonfler leur plumage, ont échappé au triste destin de leurs congénères. C’est au terme d’un vote sur Internet que les deux volatiles, originaire d’une ferme de Virginie, ont été désignés pour être épargnés par la volonté présidentielle, explique le chef de l’Etat. Leur propriétaire, salué par Obama, est à leurs côtés, en ce jour historique, face à une assistance d’une centaine d’invités et autant de journalistes dont les appareils photos crépitent sans discontinuer. «Les Américains se sont exprimés et ces deux oiseaux vont de l’avant », explique en souriant Barack Obama. A ce moment précis, Cobbler, qui a remporté les suffrages de la majorité, Gobbler n’étant donc que sa doublure, se met à glouglouter à pleine gorge. Le président a du mal à se retenir de rire. La victoire de ces gallinacés avait été prédit par Nate Silver (le statisticien qui avait annoncé sa propre élection), plaisante-t-il encore. Debout à ses côtés, ses filles ont l’air de subir un peu l’événement. Mais Barack n’y prête pas attention. En cette journée d’action de grâce, qui trouve ses racines dans les premières années de la colonisation du territoire américain, quand les Européens installés de fraîche date, remerciaient Dieu pour l’abondance des moissons et l’aide apportée par les Indiens, le président évoque la chance de vivre en Amérique, « le plus « formidable » pays du monde ». Mais il évoque aussi les populations frappées par l’ouragan Sandy qui se battent pour reconstruire leurs communautés dans le nord est, sans oublier l’hommage incontournable aux troupes déployées à l’étranger.
Puis vient le moment du « pardon ». Barack Obama, encadré de ses filles un peu nerveuses, s’approche de Cobbler et esquisse un signe de croix qui symbolise sa grâce. Malia, 17 ans, refuse obstinément de caresser le volatile, mais Sasha elle, 11 ans, se laisse tenter. La cérémonie se termine dans la bonne humeur, permettant aux invités de serrer la main du président et de ses filles. Cobbler et Gobbler , 19 kilos chacune, iront couler des jours heureux dans les jardins de Mount Vernon, propriété du premier président des Etats-Unis George Washington, où les ont précédé les dindes miraculées des précédentes années. La tradition est en cours depuis l’époque de Kennedy. Seule ombre au tableau, la protestation du groupe de défense des droits des animaux Peta, qui a demandé au président de ne pas souscrire à cette tradition « dépassée » symbolisant selon lui le massacre de millions d’oiseaux « doux et intelligents ». Peta préconise un Thanksgiving végétarien…
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