“The Killing In Newtown Will Not Start The Debate On Guns”

Edited Lauren Gerken

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L’historien André Kaspi revient sur le poids du deuxième amendement et sur les difficultés à encadrer les ventes d’armes. Interview.

Ce nouveau massacre peut-il permettre à Barack Obama de revenir sur le deuxième amendement, qui garantit pour tout citoyen américain le droit de porter des arLa tuerie qui a eu lieu vendredi 14 décembre dans une école de Newtown, dans le Connecticut, s’inscrit dans une longue série. Les médias ne manquent pas de pointer la faiblesse des contrôles sur les ventes d’armes à feu comme étant l’une des causes de ces massacres. La législation peut-elle changer ? Ce n’est pas l’avis d’André Kaspi, professeur émérite à la Sorbonne, historien des Etats-Unis.

Ce nouveau massacre peut-il permettre à Barack Obama de revenir sur le deuxième amendement, qui garantit pour tout citoyen américain le droit de porter des armes ?

– Non. Aux Etats-Unis, il est aisé de se procurer des armes à feu. Le deuxième amendement fait partie des textes fondamentaux pour les Américains. Il est un élément important qui garantit leur liberté de manière constitutionnelle. Barack Obama peut tenter de lancer le débat, mais l’opinion publique va rapidement passer à autre chose. Et si le débat va jusqu’au Congrès, il est probable qu’il sera retoqué.

Cela ne va pas relancer le débat sur les armes. J’ajoute que cette tuerie n’est ni la première, ni la dernière et le débat n’a jamais été relancé. En 1981, Ronald Reagan a été victime d’une tentative d’assassinat [69 jours après son élection lors d’un discours au Washington Hilton Hotel dans la capitale américaine, NDLR]. Son attaché de presse, James Brady, a été très gravement blessé et sa femme a mené un combat de 12 ans pour obtenir de très faibles contrôles des armes à feu.

Que peut faire Barack Obama pour lutter contre ces tueries ?

– Il faut bien comprendre que c’est un acte irrationnel et isolé. On ne peut pas, dans une population de 315 millions d’habitants, éviter qu’il y ait des gens qui deviennent des criminels. En France, nous avons eu l’affaire Merah. Il a commis, seul, un meurtre de masse. La différence est que Merah avait des convictions politiques. Toutefois, la fascination pour la mort est la même. La solution ne vient donc pas seulement de la limitation des armes, comme celle qui existe en France.

Autre point, on ne peut pas utiliser une logique rationnelle pour expliquer des actes irrationnels. Evidemment, on va trouver des raisons : fils de divorcés, souffrance etc. mais cela ne suffit pas. Quant on cherche des raisons sociales et sociétales à ces crimes, on se trompe car on ne prend pas en compte les motivations du tueur. Seule la médecine pourrait agir… et encore.

Les Etats-Unis sont alors condamnés à revivre ces meurtres de masse ?

– Je le crains. Il y a eu une dizaine de tueries en 2012. Celle-là est pire, on va parler d’un record. Or, cela risque de stimuler l’esprit de compétition d’autres personnes dérangées. Et l’Amérique va revivre de nouvelles tragédies.

Propos d’André Kaspi recueillis par Alexis Toulon le samedi 15 décembre 2012

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