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Posted on June 1, 2013.
Sexe, argent et pouvoir. Cette association vieille comme le monde a nourri bien des polars et des films. Mais, cette fois, la réalité dépasse les scénarios d’Hollywood. Un patron de la CIA est contraint de démissionner pour avoir eu une liaison extraconjugale, et se retrouve quelques mois plus tard dans l’état-major de l’un des plus puissants fonds d’investissement de Wall Street.
Le personnage principal de cette saga est le général quatre étoiles David Petraeus, 60 ans. Un héros de la guerre d’Irak, qui a également coordonné la force internationale en Afghanistan avant d’être nommé patron de la CIA. Mais une affaire de mœurs avec sa biographe de vingt ans sa cadette, suivie d’un rocambolesque feuilleton, devait le conduire à démissionner de la célèbre agence, le 9 novembre 2012, au lendemain de la réélection de Barack Obama.
Jeudi 30 mai, le Wall Street Journal a révélé que M. Petraeus rejoindrait KKR. Il va y présider un nouvel institut créé spécialement, le KKR Global Institute, avec une mission de recherche sur les grands équilibres économiques, le rôle des banques centrales et les risques dans les pays émergents.
Mais c’est bien son expérience et son carnet d’adresses dans les capitales du monde entier et les grands groupes américains qui font saliver Wall Street. KKR, qui pèse 76 milliards de dollars (58 milliards d’euros), est spécialisé dans les rachats d’entreprises par LBO, c’est-à-dire en finançant l’opération avec une grosse part de dette.
PACTE SECRET
Wall Street et le Pentagone ont-ils un pacte secret ? On ne peut pas qualifier cette crainte de pur fantasme. Mais il faut la relativiser. Les fonds d’investissement et les banques d’affaires, aux Etats-Unis comme dans la vieille Europe, ont de tout temps recruté d’anciens responsables publics pour profiter de leur entregent. Pas besoin d’imaginer des scénarios d’espionnage pour comprendre que cela aide à conclure des affaires. Le fonds Carlyle avait ainsi recruté parmi ses conseillers officiels un certain George W. Bush, ancien président des Etats-Unis.
Il n’empêche, certains investissements dans des entreprises de pointe à l’étranger ont un aspect stratégique qui intéresse les industriels américains de la défense, et donc le Pentagone. Au point que, sous la présidence de Jacques Chirac, le ministère de la défense avait commandé à la délégation aux affaires stratégiques une étude sur “les fonds américains en Europe”.
Mais, à croire les analystes américains, ce n’est pas tant les connexions en Europe de l’ex-patron de la CIA qui intéresseraient KKR. Sa capacité à analyser les risques économiques et politiques dans les pays émergents et à y identifier des cibles potentielles serait son atout.
Paradoxalement, il n’y a pas de quoi se rassurer. Cela confirme la baisse relative d’intérêt des investisseurs américains pour les entreprises européennes.
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