Le Drive-In d’enfants
Tout le monde connaît, et souvent apprécie, le principe du “Drive-In”, aussi appelé “Drive Thru”, très pratique pour s’acheter un hamburger, tirer de l’argent à la banque ou encore se procurer des médicaments à la pharmacie, sans quitter le confort climatisé de sa voiture. On s’avance jusqu’à un premier guichet, passe commande, puis roule jusqu’à un second guichet pour réceptionner la marchandise. Mais sait-on suffisamment que le Drive-In se pratique aussi dans les écoles américaines ou les camps d’enfants, sous le nom plus doux de “Kiss and Ride”?
A la YMCA de notre quartier, qui propose des camps sportifs pour les petits de 4 à 12 ans, le “Kiss and Ride” permet ainsi de prendre place chaque matin dans un embouteillage de papas et mamans, pressées de se débarrasser au plus vite de leur progéniture. Les moniteurs ouvrent les portes arrière, détachent les petits passagers et les accompagnent vers leur groupe, tandis que le parent n’a qu’à signer une feuille de présence. Généralement tout se déroule sans heurts, les enfants ayant depuis longtemps compris qu’il ne vaut plus la peine de s’attarder auprès du parent agrippé à son volant, impatient de rejoindre son bureau. Les seuls à poser problème sont généralement les nouveaux venus aux Etats-Unis, qui n’ont pas encore saisi que le “Kiss” doit rester ici purement virtuel et se croient autorisées à sortir de leur voiture pour un dernier bisou.
Le soir, c’est rebelote à l’envers: on s’enfile dans l’embouteillage, descend la vitre pour tendre un “bon” portant le nom de l’enfant désiré, qu’une escouade d’animateurs s’empresse d’aller chercher, sans oublier cartable et lunch box, si possible. Très pratique donc pour les parents qui là encore sont encouragés à ne surtout pas descendre de voiture et garder leurs effusions au plus court, pour ne pas rallonger encore la queue derrière eux. Impossible en revanche dans ces conditions d’échanger plus d’un mot avec les animateurs, pour demander si le petit dernier a bien mis la tête sous l’eau à la piscine, comme il l’avait promis. Dans les pires des cas, les enfants attendent aussi près d’une heure que l’embouteillage délivre la voiture qu’ils guettent. Les jours de beau temps, les bambins sont assis sur une pelouse, où ils observent le carrousel, le nez juste à hauteur des pots d’échappement. De loin, on dirait une foire aux enfants: des dizaines de petites têtes fatiguées, surveillées par les moniteurs, dans le rôle des maquignons. S’il pleut, les enfants sont parqués dans un gymnase, rangés par colonnes, pour les récupérer au plus vite dès qu’on hurle leur nom.
La pratique est aussi très répandue dans de nombreuses écoles américaine, et même théorisée, comme on peut le voir dans ce mode d’emploi du “Kiss and Ride”, destiné aux parents des écoles publiques du comté de Fairfax, en Virginie. On y explique comment “charger” et “décharger” les enfants de façon “sûre” et efficace, en réduisant les au-revoir au plus “bref”.
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