Snowden: There He Goes, the Ferret that Makes a Fool of Obama!

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Washington est toujours nargué par l’ex-agent de la CIA qui a révélé les écoutes clandestines et s’est échappé avec la complicité de Pékin.

C’est une comptine qu’apprenaient autrefois les enfants : “il court, il court, le furet, il est passé par ici, il repassera par là, il court, il court…” Elle sied aujourd’hui à merveille à Edward Snowden, l’ex-agent de la CIA qui a révélé des informations explosives sur les opérations américaines clandestines et bien peu légales de surveillance électronique de responsables politiques et même de particuliers. Après avoir fui Hawaï et s’être réfugié à Hong Kong le 20 mai, avec ses secrets et ses cinq ordinateurs, celui que le secrétaire d’État américain qualifie maintenant ouvertement “d’espion” a quitté la Chine avant que Washington ait pu espérer – sans trop d’illusions – obtenir une mesure d’extradition.

Il a profité du week-end, avec l’aimable consentement des autorités de Hong Kong, pour prendre l’un des vols d’Aeroflot de dimanche vers Moscou, en laissant entendre qu’il avait l’intention de se réfugier en Équateur, ou peut-être au Venezuela, dont on sait qu’ils comptent parmi les plus fidèles alliés des États-Unis en Amérique latine… Après avoir laissé pendant plus d’un mois Snowden prendre ses aises dans un hôtel confortable de l’ancienne concession britannique et recevoir ses sympathisants ainsi que les journalistes, la Chine a pris la décision de le laisser filer au lendemain du jour où les Américains ont déclaré son passeport suspendu.

Trois motifs ont probablement emporté la décision des Chinois. Comme ils n’avaient aucune envie de livrer Snowden, ils craignaient que sa présence prolongée n’entraîne des dommages encore plus grands dans les relations sino-américaines que le fait de le laisser partir sans satisfaire aux exigences américaines de leur livrer “le traître”. Or la Chine est satisfaite du léger réchauffement de ses relations avec Washington après la rencontre Obama-Xi Jinping, à Sunnylands en Californie, au début de ce mois de juin. Elle peut l’être d’autant plus que le principal thème des discussions avec Obama portait sur la cybercriminalité que les Américains reprochent aux Chinois de pratiquer et qu’en la matière, l’affaire Snowden – presque trop belle pour ne pas avoir été télécommandée – arrive à point nommé pour illustrer la fable de l’arroseur arrosé.

“Hypocrisie américaine”

Le deuxième motif pour lequel les Chinois ont laissé partir Snowden, c’est qu’en raison de ses révélations, il était devenu très populaire dans le public chinois où tout le monde se gausse de “l’hypocrisie américaine” sur la surveillance d’Internet et des conversations téléphoniques. Seulement les autorités de Pékin pouvaient redouter que ne monte en mayonnaise dans l’opinion une campagne antiaméricaine qui irait trop loin et pourrait gêner les projets, notamment commerciaux, de la Chine.

Enfin, la dernière cause pour laquelle les Chinois pouvaient déclarer que la partie était finie en ce qui les concerne, c’est qu’ils avaient tiré de Snowden toutes les informations qu’ils pouvaient en espérer. Il ne fait aucun doute pour les spécialistes que, quelles que soient les précautions prises par le transfuge, les disques durs de ses cinq ordinateurs ont été pompés avec tout ce qu’ils pouvaient contenir de secrets éventuellement gênants pour les Américains ou pour d’autres.

Quant aux protestations d’Edward Snowden, selon lesquelles il n’a rien révélé de compromettant aux Chinois, il n’y a qu’à se référer au contenu de son interview au South China Morning Post dans laquelle il expliquait que la NSA américaine espionnait les compagnies chinoises de téléphone afin d’avoir accès à des millions de SMS ou qu’elle avait piégé les ordinateurs de l’université de Tsinghua afin de pénétrer certaines recherches pointues, pour avoir conscience que la retenue pour protéger les secrets de son pays n’est pas le problème de Snowden. Pas plus avec les journalistes qu’avec les barbouzes qui l’ont fait parler à Hong Kong, à Moscou et le feront demain à Quito ou Caracas.

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