Les républicains concèdent la défaite
Ted Cruz, le sénateur du Texas, a concédé la défaite : lui qui avait mené un”filibuster” – une obstruction parlementaire – de 21 heures contre la réforme de la santé de Barack Obama en septembre, a annoncé qu’il ne s’opposerait pas au compromis qui a été annoncé au Sénat pour mettre fin au shutdown du gouvernement et relever le plafond de la dette.
Artisan de la stratégie de refuser de voter le budget en échange de concessions sur l’Obamacare, le Texan s’est mis beaucoup de monde à dos. Même le Houston chronicle, qui l’avait soutenu en 2012, a exprimé des regrets. Mais Ted Cruz a engrangé des millions d’adresses email, et 800 000 dollars de contributions de campagne pour le troisième trimestre. Il a de quoi voir venir.
John Boehner, le speaker du Congrès, a du lui aussi concéder l’échec de sa stratégie. Lui qui ne voulait pas soumettre au vote de la chambre le projet de loi finançant le budget du gouvernement a fait savoir qu’il s’y résoudrait finalement. Contrairement à ses engagements, il semble avoir accepté de faire passer la loi avec les voix des démocrates.
– “On a mené le combat qu’il fallait. Il se trouve juste que nous n’avons pas gagné”, a-t-il regretté.
Le speaker peut-il rester à son poste ? Il est le grand perdant du psychodrame des deux dernières semaines : il s’est retrouvé à la fois rejeté par la Maison Blanche et par son groupe parlementaire. Les politologues pensent qu’il n’est pas vraiment menacé: personne ne tient à prendre sa place dans l’état actuel de divisions du groupe parlementaire républicain. Mais les puristes du mouvement conservateur réclament sa démission, comme le Federalist.com (http://thefederalist.com/2013/10/16/time-john-boehner-resign-speaker)
La crise du shutdown a donné le spectacle d’un parti républicain plus écartelé que jamais. Après sa défaite de novembre 2012, le GOP (Grand Old Party) s’était promis de s’attaquer à son problème d’image auprès des jeunes, des femmes et des latinos. En deux semaines, sa cote est tombée au plus bas : selon le dernier sondage NBC/Wall Street Journal, seuls 24 % des Américains ont une image positive des républicains.
Le “blame game” promet d’être sanglant. John McCain, qui a dit depuis le début qu’il était suicidaire d’essayer d’obtenir le report de l’Obamacare en prenant en otage le vote du budget, a qualifié de “honteux” le blocage des services publics.
Rush Limbaugh, qui est généralement pousse-au-crime, a dit n’avoir jamais vu un”grand parti politique aussi en-dehors du coup” que le parti républicain actuel.
Mais les républicains n’ont pas tout perdu. Dans le “deal” sur le financement du gouvernement, ils ont obtenu des démocrates la reconduction des réductions de crédits incluses dans le budget d’austérité de 2011 (“sequester”).
Nombre d’entre eux, comme le sénateur Saxby Chambliss, n’ont accepté le compromis proposé par le Sénat (financement du gouvernement jusqu’au 15 janvier, relèvement du plafond de la dette jusqu’au 7 février) que parce qu’il ne s’applique qu’à court terme.
Ils ont l’intention de continuer à batailler contre l’Obamacare, dont ils assurent que la mise en route est un “fiasco” (un lancement digne du dirigeable allemand Hindenburg, assure tout en nuances le site du Patriot Post). Et ils exploitent déjà les failles structurelles du système informatique du site Healthcare.gov, qui est censé accueillir les inscriptions.
Rendez-vous, donc, le 15 janvier 2014, pour un nouveau shutdown…
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