USA: La mort dans l’âme
On n’a jamais innocenté autant de criminels injustement condamnés aux Etats-Unis que l’an dernier, révèle une étude menée par deux universités américaines. Sur 1 300 erreurs judiciaires dûment rectifiées en un quart de siècle, 87 l’ont été en 2013, un nombre record.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les progrès de la science ne sont que marginalement responsables de cette performance (les analyses ADN n’ont ainsi contribué à élucider que 20 % des cas). Dans deux affaires sur cinq, c’est la volonté des pouvoirs publics de rouvrir les dossiers qui a permis d’établir la vérité. Et de libérer des innocents.
Il faut dire que, dans presque la moitié (46 %) des jugements revus en 2013, le travail des enquêteurs était au moins une des causes de l’erreur judiciaire. Les faux témoignages et le manque de fiabilité des témoins oculaires interviennent également de façon prépondérante (dans respectivement 56 % et 38 % des affaires).
Ce qui est pire, cependant, c’est que, dans 95 % des cas, une condamnation est prononcée après que le prévenu eut plaidé coupable. Dans le système américain, un suspect qui n’est pas sûr de pouvoir prouver son innocence préfère souvent plaider coupable dans le but d’être moins lourdement condamné – et notamment d’éviter la peine de mort.
Malgré quoi, 143 condamnés à mort au total ont dû être finalement innocentés aux Etats-Unis. En 2013 encore, Reginald Griffin a échappé à son exécution après 25 ans de détention.
Des chiffres qui font réfléchir, pensera-t-on. Effectivement, mais pas comme on l’imagine. Le débat est relancé, dans les 32 Etats de l’Union qui appliquent encore la peine de mort, pour savoir… comment exécuter les condamnés quand la première puissance mondiale manque des substances nécessaires aux injections létales (les producteurs européens refusent d’en livrer et il n’y a apparemment pas d’approvisionnement local). On parle dès lors de réintroduire la chaise électrique et la chambre à gaz, voire le peloton d’exécution ou la pendaison.
Cette perspective est objectivement si effrayante que les partisans de la peine de mort redoutent non pas qu’elle se matérialise, mais qu’elle renforce les rangs des abolitionnistes…
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