John McCain fait la leçon à Obama
John McCain est un Républicain atypique, c’est à dire indépendant des lobbies toxiques qui polluent la droite américaine. Il a beau ne pas savoir combien de résidences il possède (cf. la campagne de 2008 contre Obama), en politique étrangère, il est souvent dans le vrai. Pendant que les ténors du GOP reprochent à 44th de ne pas lancer une guerre atomique contre la Russie, tout en voulant que les intérêts économiques des Etats-Unis soient préservés, McCain garde la tête froide. Et ses critiques ont d’autant plus de poids.
Dans une tribune publiée par le New York Times, le sénateur Républicain de l’Arizona déplore que, depuis cinq ans, l’administration Démocrate ait cherché de manière continue à apaiser la Russie, notamment avec la politique inaugurée par Hillary Clinton de remise à zéro des compteurs. Il est resté de cette phase une photo un peu ridicule de Hillary avec un bouton offert à son homologue russe. Hillary est partie, Sergei Lavrov est toujours là et bien là. Mais, ce que souligne McCain, cette politique est une erreur grossière d’interprétation de la psychologie des Russes et du maître du Kremlin en particulier: elle est vue comme un aveu de faiblesse et tout signe de faiblesse est immédiatement exploité par Vladimir Poutin. “J’ai été très surprise, lorsque j’ai rencontré John McCain au Congrès, par sa connaissance des dossiers russes, jusque dans le moindre détail,” raconte Elena Servettaz, journaliste franco-russe, spécialiste des rapports entre la Russie et l’Occident. “Reset est une idée de Medvedev lorsqu’il était président, analyse la journaliste. Obama tenait aussi très fort à cette idée. Mais il ne faut pas oublier que Poutine ne supporte pas les hommes politiques faibles. Plus l’Europe, les Etats-Unis lui conseillent de prendre du recul, plus il avancera. Des proches de Poutine m’ont confié qu’il aurait préféré que McCain soit élu pour avoir quelqu’un de poids sur la scène internationale.”
Le désengagement d’Irak et d’Afghanistan, décidé plus par le désir de sortir de ces bourbiers que par le succès des interventions militaires, est un autre signal aveuglant de cette faiblesse. Et que dire de la célèbre “red line” en cas d’utilisation des armes chimiques par Bashar al-Assad, qui, lorsqu’elle a été vérifiée et confirmée, n’a provoqué aucune réaction des Américains. “Pour Putin, l’hésitation invite l’agression,” écrit John McCain. “Son monde est cynique, brutal où la puissance est vénérée, la faiblesse méprisée et la rivalité un jeu à somme zéro.” Et clamer, comme l’a fait récemment Barack Obama, que “nous ne sommes pas en compétition avec la Russie”, fait hurler de rire le Kremlin. Les Etats-Unis, peut-être pas, mais la Russie, oui.
Le plus inquiétant dans l’annexion de la Crimée par la Russie, est le signal qu’elle envoie aux ennemis des alliés des Etats-Unis: le Japon et l’agression Chinoise pour récupérer certaines îles, sans parler de Taiwan. La faiblesse des Etats-Unis encourage l’Iran et même Al Quaeda qui, désormais, contrôle une partie de l’Irak.
“La Russie n’a pas besoin du Conseil de l’Europe, du G8, du G20,” explique Elena Servettaz. “La seule chose qui fait peur au pouvoir, c’est le gel des avoirs. Pas ceux de députés sans importance de la Douma. Non, les avoirs des énormes conglomérats d’Etat comme Gazprom, par exemple, ou la fortune des oligarques ou des proches de Poutine, comme Arkadiy Rotenberg ou Gennady Timshenko, qui a obtenu la Légion d’Honneur en France.”
“La plus grande force de l’Amérique a toujours été sa vision optimiste du progrès de l’Homme. Mais l’optimisme n’avance pas tout seul et les ténèbres qui nous menacent tous ne seront pas arrêtées par une Amérique dans le déni de la réalité du monde. Cela exige du réalisme, de la force et un leadership. Si la Crimée ne nous réveille pas, j’ai peur d’imaginer ce qui nous réveillerait.” Tout est dit.
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