Obama et le climat : encore un effort, Mister President !
Mardi 3 juin, Barack Obama n’est pas arrivé en Europe les mains vides. La veille, en effet, le président américain a pris une initiative sans précédent dans la lutte contre le réchauffement climatique : il a rendu public son projet de réglementation destiné à réduire de 30 % les émissions de CO2 des centrales électriques américaines d’ici à 2030, par rapport à leur niveau de 2005.
Haussant le ton face à la puissante industrie du charbon, M. Obama a décidé d’agir par décrets et directives : autrement dit par la voie administrative. Il entend ainsi contourner le Congrès, et en particulier le Sénat, où le projet de loi contre le réchauffement climatique est bloqué depuis quatre ans. Au risque de déclencherles cris d’orfraie des républicains, qui dénoncent cet abus de pouvoir.
Echaudés depuis la conférence de Copenhague de 2009, où M. Obama leur avait tourné le dos pour s’allier avec la Chine et l’Inde et repousser un traitéinternational, les Européens espéraient ce geste depuis longtemps.
« LEADERSHIP PAR L’EXEMPLE »
Mais il a fallu attendre que passe l’élection présidentielle de 2012 – et que l’économie américaine donne des signes de rétablissement – pour que le président des Etats-Unis ose se réengager sur le dossier du climat. Dès son deuxième discours d’investiture, il a lié la question du changement climatique à l’intérêt national américain. Et, dans son discours de West Point, le 28 mai, il en a fait une composante du nouveau « leadership par l’exemple » qu’il entend développer.
Cette fois-ci, la volonté politique semble donc bien présente. Les circonstances, il est vrai, ont changé. La révolution énergétique pousse les Etats-Unis à s’émanciper du charbon, le principal pollueur. De même, en cinq ans, les Etats-Unis ont réduit leur dépendance énergétique grâce à la fracturation hydraulique et à l’exploitation des gaz de schiste.
Parallèlement, la multiplication d’événements climatologiques extrêmes – sécheresse, incendies, ouragans – a fait prendre conscience aux Américains du péril que l’imprévisibilité du climat fait peser sur leur économie. L’année 2012 a ainsi enregistré le record absolu de chaleur aux Etats-Unis, et les événements climatiques, selon la Maison Blanche, ont coûté 100 milliards de dollars à l’économie.
Les Européens ont pourtant quelques raisons de se montrer circonspects. Les normes envisagées par l’Agence pour la protection de l’environnement ne seront pas finalisées avant un an et font la part belle à l’initiative locale des Etats. Il faudra donc analyser, dans le détail, si elles permettront effectivement aux Etats-Unis derespecter leur objectif immédiat de réduction de 17 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020.
En outre, si l’initiative de M. Obama marque un pas significatif, elle ne transforme pas les Etats-Unis en héros de la négociation climatique. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour que le deuxième pays pollueur de la planète – après la Chine – agisse à la hauteur de ses responsabilités dans le réchauffement en cours. Les autres pays ne s’y tromperont pas au moment de signer – ou pas – le premier accord mondial sur le climat, à Paris, en décembre 2015.
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