Cecil the Lion, New Weapon for Anti-Abortion Activists

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États-Unis : le lion Cecil, nouvelle arme des anti-IVG

Les ultra-conservateurs récupèrent la mort très médiatisée du grand fauve pour dénoncer le manque d’attention accordée au scandale du planning familial.

“Regardez toute cette indignation autour de la mort d’un lion. Mais qui s’indigne des bébés morts du planning familial ?”, “Que tant de médias soient davantage préoccupés par le lion Cecil que Planned Parenthood tuant des bébés pour récolter leurs organes est inadmissible” … Sur Twitter, les messages de Marco Rubio, candidat républicain à l’investiture américaine, et de son acolyte Mike Hackabee laissent songeurs. Pas de répit en effet chez les ultra-conservateurs américains, qui vont jusqu’à invoquer ce week-end la mort du célèbre lion du Zimbabwe, tué il y a quelques semaines par un chasseur, et dont le rapport avec la polémique américaine du planning familial reste un grand mystère…

Planned Parenthood, la principale organisation du planning familial aux États-Unis, est depuis longtemps la bête noire des militants conservateurs. Depuis une quinzaine de jours, un groupe d’opposants a distillé sur la Toile une série de vidéos supposées montrer des employés de l’organisation proposant de vendre des tissus de foetus. On y voit notamment une scène tournée à l’occasion d’un déjeuner entre Deborah Nucatola, directrice des services médicaux du planning familial, et deux acteurs qui se font passer pour les représentants d’un laboratoire biomédical.

Ces acteurs ont été recrutés par le Centre pour le progrès médical, une organisation “pro-vie” créée en 2015, qui se présente comme “un groupement de citoyens journalistes chargés d’enquêter sur les questions d’éthique médicale”. La praticienne explique alors en détail qu’avec l’aide d’un guidage par ultrason, l’on peut “récupérer le coeur, les poumons, les reins intacts”. Il n’en fallait pas tant pour embraser les réseaux sociaux ! Pour les détracteurs de Planned Parenthood, il s’agit d’une preuve que l’organisation se livre à “un business barbare de l’avortement”.

“Business barbare” vs “avancées scientifiques”

Une quinzaine de jours après la diffusion de la première vidéo, les éditos se renvoient la balle par quotidiens interposés et la polémique enfle sur les réseaux sociaux. Si le Code pénal américain interdit la vente et l’achat de tissus foetaux humains – des actes considérés comme un crime fédéral punissable de dix ans de prison –, le don de ces tissus, en revanche, est autorisé à des fins médicales avec le consentement de la patiente. La recherche sur les cellules de foetus est pratiquée depuis plusieurs décennies aux États-Unis et soutenue par l’Association américaine de médecine (AMA). Ces recherches, pratiquées tant dans les laboratoires publics que privés – ont permis des avancées scientifiques, notamment dans le traitement de la maladie de Parkinson et dans le développement des vaccins contre la polio, la rubéole et la varicelle.

Planned Parenthood s’est immédiatement défendue dans un communiqué, en indiquant que son programme de don de tissus foetaux était régi par “les plus hauts critères éthiques et légaux”. “Il n’y a aucun bénéfice pour le don de tissus que ce soit pour les patients ou pour le planning familial. Parfois, certains coûts comme celui du transport des tissus vers les centres de recherche sont remboursés, ce qui est une pratique courante dans le domaine médical”, affirme le communiqué.

Veto présidentiel ?

Du côté de la Maison-Blanche, on reste plus que sceptique concernant l’authenticité des images diffusées par le Centre pour le progrès médical : “Nous avons vu des tentatives de stratégies de ce genre avec d’autres organisations extrémistes ayant des intentions idéologiques”, a rappelé ce week-end le porte-parole de l’exécutif américain, Josh Earnest. Et de rappeler la menace du gouvernement d’opposer le veto présidentiel à toute initiative républicaine visant à réduire le budget alloué à la plus importante organisation du planning familial des États-Unis : “Tout projet fiscal, guidé idéologiquement, prévoyant de réduire les financements de l’organisation à but non lucratif se heurtera au veto présidentiel”, a-t-il dit.

Breitbart, The Blaze, Hot Air… Tous les blogueurs américains ont donné de la voix ce week-end pour faire entendre leurs arguments. En jeu ? Rien de moins que la campagne présidentielle de 2016. Les candidats républicains les plus conservateurs cherchent en effet désespérément à se démarquer de la pléthore d’aspirants à l’investiture de leur parti. Le sénateur Ted Cruz s’est même dit prêt à anticiper les coupes – qui interviennent habituellement en octobre avec le début de l’année budgétaire – afin de fermer Planned Parenthood le plus rapidement possible.

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