L’ancienne First Lady est largement favorite pour obtenir l’investiture du Parti démocrate. Mais une victoire lors de l’élection de novembre 2016 est loin d’être garantie.
De notre correspondant aux États-Unis. Cela ne se passe pas comme prévu. La campagne d’Hillary Clinton, véritablement lancée au début de l’été, connaît des soubresauts importants. L’élan tant annoncé met du temps à venir. La candidature concurrente de Bernie Sanders fait le buzz (lire ci-dessous). Et plusieurs polémiques s’incrustent dans les médias. Certains observateurs se demandent si « Hillary », comme on l’appelle communément, sans son nom de famille, ne va pas exploser en vol quelque part sur le long chemin vers la Maison Blanche. « Elle n’est pas menacée pour sa nomination comme candidate du Parti démocrate, analyse David Karol, professeur de sciences politiques à l’université du Maryland. En revanche, l’élection de novembre 2016 sera très serrée face au candidat républicain, quel qu’il soit. »
Argent et e-mails…
Que se passe-t-il ? Quels sont ces grains de sable pouvant enrayer la belle machine Clinton ? D’abord, les républicains soufflent toujours sur la braise de Benghazi, cette ville libyenne où, le 11 septembre 2012, l’ambassadeur américain a été tué dans une attaque terroriste. En tant que secrétaire d’État (l’équivalent du ministre des Affaires étrangères en France), Clinton était la responsable hiérarchique. Mais la candidate s’est défendue plusieurs fois dans cette affaire, y compris lors d’auditions officielles devant le Congrès. Il y a aussi ce flou sur le financement de la Fondation Bill, Hillary & Chelsea Clinton, qui accepte les donations en provenance de l’étranger. Un épisode en particulier, décrit dans un livre récemment paru aux États-Unis, « Clinton Inc », et dans plusieurs articles de presse que le Maroc a fait une donation « d’au moins un million de dollars » alors qu’Hillary Clinton était encore chef de la diplomatie américaine. De là à évoquer un conflit d’intérêt, il n’y a qu’un pas que les candidats républicains franchiront avec délectation. Mais « l’affaire des e-mails est sans doute sa plus grande menace, selon David Karol. Les gens peuvent comprendre cette controverse, le fait que Clinton n’a pas suivi les règles en place ». Rappel des faits : alors qu’elle était secrétaire d’État, de 2009 à 2013, Hillary Clinton a utilisé une adresse e-mail personnelle et un serveur privé situé à son domicile de Chappaqua, dans l’État de New York, et non un serveur sécurisé du département d’État. Aussi, elle a fait effacer plus de 30.000 messages, déclenchant la suspicion générale et nourrissant la réputation des Clinton qui ne feraient rien comme les autres. Le FBI mène l’enquête.
Des Américains partagés
Cette polémique souligne également le fait qu’Hillary Clinton « polarise » les Américains. Si les sondages prouvent que presque tout le monde la connaît, c’est à peu près moitié-moitié entre les Américains qui l’aiment et ceux qui la détestent. « Elle a toujours été une personnalité qui divise, rappelle David Karol. Même lorsqu’elle a été Première dame, elle s’était mise à dos les femmes au foyer avec une remarque maladroite. En même temps, c’est notre système qui est devenu très polarisé. Elle ne fait que refléter notre époque. »
De gros atouts malgré tout Cela étant dit, Clinton incarne une candidature puissante pour la présidence des États-Unis. Elle peut être la première femme à accéder à la Maison Blanche et, contrairement à la campagne 2008 – qui l’a vue perdre face à Barack Obama au cours des primaires -, elle compte bien cette fois-ci en faire un argument. Elle a une expérience incomparable, au sein du parti et même au regard des candidats républicains : avocate, Première dame, sénatrice, secrétaire d’État. « Elle est largement qualifiée pour le poste », dit David Karol, qui résume l’opinion générale. Autre point fort important : sa capacité illimitée à lever des fonds. Bill et Hillary Clinton sont incontournables sur la scène politique nationale depuis 1992 et la campagne victorieuse de Bill sur le sortant George Bush père. Elle bénéficie d’un carnet d’adresses qui n’a sans doute d’équivalent que celui de la famille Bush, justement. Hillary Clinton a déjà effectué plusieurs voyages en Californie, pour récolter plusieurs millions de dollars dans la Silicon Valley et auprès des pontes d’Hollywood, comme Steven Spielberg, un ami personnel. Et si, politiquement parlant, elle n’a pas encore dévoilé la majeure partie de son programme, tout le monde sait à peu près où elle se situe sur l’échiquier. Un avantage indéniable dans un marathon qui se court à la vitesse d’un sprint.
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