À quoi reconnaît-on la grandeur d’une nation ? À la capacité de « chacun de ses fils et filles » d’œuvrer pour le bien commun. Le discours du pape François adressé aux élus américains, et au-delà aux habitants de ce pays, est un superbe plaidoyer pour la politique. À partir de quatre figures de l’histoire américaine, présentées comme quatre piliers de l’action politique, il rappelle habilement cette grande nation au meilleur d’elle-même. Lincoln pour la liberté, Martin Luther King pour l’égalité des droits, Dorothy Day pour la justice sociale et Thomas Merton pour le dialogue et la transcendance.
À la première puissance mondiale, le pape argentin a opposé hier que la liberté – si importante pour les Américains – doit se construire dans un esprit de dialogue et de pluralisme, ce même pluralisme politique et religieux qui est aux fondements des États-Unis. Une politique au service de la personne humaine ne saurait être dépendante des grands intérêts de l’économie. Pas plus qu’elle ne doit créer de l’exclusion et du rejet à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières. La liberté n’est rien si elle ne s’accompagne du respect de la fameuse « règle d’or », ce principe de réciprocité que l’on trouve notamment dans le Nouveau Testament : « Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour les autres aussi » (Mt 7,12).
Avec ces grandes figures, le pape François invite l’Amérique à rêver son avenir. Parler du rêve n’est pas qu’une manière de toucher le caractère foncièrement positif des Américains. C’est aussi dépasser les clivages droite-gauche qui auraient inévitablement surgi si le pape s’était lancé dans une critique de telle ou telle action. Ce « rêve » lui permet de plaider pour l’abolition de la peine de mort, du commerce des armes, pour la justice sociale, la protection de la famille, sans dérouler un programme politique. Parler du rêve, dans une société où la complexité finit par faire perdre le sens de l’action, c’est donner un horizon, une espérance. Comme le soulignait justement mercredi Barack Obama lorsqu’il remerciait le pape François pour ce « beau cadeau de l’espérance » qu’il apportait au monde.
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