The Next Sheriff: And So the Disemboweling Begins…

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Prochain shérif : l’étripage débute

L’Iowa a lancé l’appel d’offres pour le job de premier flic du monde. «Venez, ça a commencé.»

Si j’ai bien compris, les caucus de l’Iowa ont marqué le départ de l’élection du prochain shérif du monde, et Donald Trump n’a pas flanqué la trempe espérée à ses rivaux républicains (loin de là). Ted Cruz a remercié Dieu après sa victoire et il fallait en effet un soutien de cette envergure pour arriver premier. Le pape doit être vexé de la ligne directe de cette espèce de Don Camillo. Parce que, comme tous les candidats croient en Lui, il faut vraiment que l’un ait quelque chose d’extraordinaire pour devenir ainsi le chouchou de Dieu. C’est presque de la triche – il n’y a pas qu’en Iran que Dieu se mêle des élections. Mais bon, on peut aussi se dire que chaque électeur est une petite part de Dieu. Espérons qu’en France les choses se passeront plus laïquement. L’argent aura un rôle moins important, ne serait-ce que parce que, si «in dollar we trust», on a moins confiance dans l’euro, ces temps-ci. Chez nous, le job a l’air moins amusant car on ne peut pas dire que les milliardaires se précipitent pour être candidats. Il y a bien Bernard Tapie mais il n’est pas à la hauteur financière, surtout s’il doit rembourser. Mine de rien, il y a quand même un côté inquiétant à ce qu’un fou de Dieu devienne peut-être le prochain patron de la planète. A Hollywood, on l’appellera Planetor. Notre shérif à nous, on a l’impression qu’il règne sur un comté plus limité. Au mieux, il deviendra un adjoint du vrai boss. Nous, on est des électeurs secondaires, la banlieue de la démocratie.

Quant à Marco Rubio, qui espère faire son trou entre Donald Trump et Ted Cruz, sa particularité par rapport aux deux autres semble d’avoir l’air à peu près normal. Mais un président normal est-il le must ? Que la normalité soit devenue internationalement un argument électoral en dit long sur l’état actuel des démocraties. On devrait d’ailleurs obliger les candidats à passer des tests, parce que c’est trop facile de prétendre soi-même être normal, le peuple a le droit de vérifier. Il y a bien un examen pour le permis de conduire, pourquoi pas pour conduire le monde ? Car on voit la catastrophe si était élu un sadique – ou un masochiste pur et dur.

Entre les Clinton et les Bush, on dirait une histoire de famille à la Dallas, sur plusieurs générations, avec le pétrole en toile de fond (et Jeb Bush est comme l’or noir en ce moment, il n’a pas la cote). Qui sera le prochain (ou la prochaine) Bobby, qui le prochain ou prochaine JR ? Imaginons un peu les enfants ou conjoints de François Hollande et Nicolas Sarkozy se disputer encore le pouvoir dans quinze ans, ça n’ouvre pas l’appétit électoral. Et si ça tournait Roméo et Juliette, que leur progéniture s’amourache ? Ce serait l’horreur ou le soulagement ?

En attendant l’élection du prochain matou, les souris dansent sur tous les champs de bataille. Pour Barack Obama, c’est maintenant ou jamais la possibilité de marquer ses huit ans de règne autrement que par son Obamacare à moitié censuré. Ça doit être dur pour lui d’être encore en scène quand tous les regards se tournent ailleurs. C’est le moment d’en sortir une bonne. Question blagues, «Donald Trump à la Maison Blanche» ferait un tabac si c’était une série télé. Dans la réalité, ce serait certainement moins drôle que dans la fiction. Si j’ai bien compris, il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette entre la comédie et la tragédie.

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