Clinton-Sanders, la guerre la plus longue
Hillary Clinton en a marre. Et a de plus en plus de mal à le cacher. Marre de ne pouvoir répliquer pleinement aux attaques de Bernie Sanders, au risque de s’aliéner les partisans de son rival démocrate, soutiens indispensables si elle remporte l’investiture. Animal politique à sang froid, Hillary Clinton maîtrise à la perfection les codes de la vie publique. L’ancienne Première Dame a appris depuis longtemps à dominer ses nerfs.
Mais parfois, la machine s’enraye, comme jeudi, en marge d’une réunion à Purchase (New York). Dans ce hameau, la favorite démocrate se prête, souriante, aux poignées de mains et aux selfies avec ses supporteurs. Soudain, une jeune militante de Greenpeace l’interpelle : «Merci d’avoir parlé du changement climatique. Allez-vous traduire vos paroles en actes et rejeter à l’avenir l’argent des énergies fossiles dans votre campagne ?»La question fendille l’armure de Hillary Clinton. Index pointé vers son interlocutrice, elle réplique : «J’en ai tellement marre que la campagne de Sanders mente à mon sujet. J’en ai marre !»
La scène s’est aussitôt retrouvée sur YouTube et les télévisions américaines. S’en est suivi une bagarre par mails interposés, le camp de Sanders accusant l’ex-secrétaire d’Etat d’être à la solde de l’industrie pétrolière, celui de Clinton rejetant des allégations grossières et infondées.
Pour le Washington Post et le New York Times, les affirmations de Bernie Sanders sont «exagérées» et «trompeuses». D’après le Center for Responsive Politics, Hillary Clinton a reçu plus de 330 000 dollars (290 000 euros) de donateurs liés aux énergies fossiles. La somme ne représente que 0,2 % de l’ensemble des contributions. Bernie Sanders (qui a reçu plus de 53 000 dollars de dons liés aux énergies fossiles) ajoute que l’industrie des hydrocarbures finance également des groupes de soutien (Super PAC) à Clinton.
Mais cet épisode illustre surtout la frustration croissante de Clinton. Largement en avance en termes de délégués, elle reste engluée dans une pénible bataille interne avec Bernie Sanders, dont le ton ne cesse de se durcir.
Pour l’heure, rien n’indique que le sénateur ait l’intention de renoncer. Il a remporté six des sept derniers Etats et il est légèrement en tête dans les sondages dans le Wisconsin, qui vote ce mardi. Fort d’un trésor de guerre de 44 millions de dollars, Sanders (né à Brooklyn) espère priver, le 19 avril, l’ancienne sénatrice de New York d’une victoire annoncée dans son Etat d’adoption. Dans les derniers sondages, l’écart en faveur de Clinton (54 % contre 42 %) s’est nettement réduit.
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