«Je peux affirmer avec certitude que le président n’est pas un menteur», a déclaré hier une porte-parole de la Maison-Blanche, Sarah Huckabee Sanders.
Quand vous êtes obligé de défendre votre président de cette façon, c’est signe que les choses ne tournent pas rond.
Le témoignage de James Comey hier au Sénat américain n’avait, en effet, pas de quoi rassurer Donald Trump ni son entourage.
L’ancien directeur du FBI a dépeint le président américain comme un menteur.
Il a aussi dit que le président a tenté de le convaincre de mettre fin à l’enquête menée sur Michael Flynn, ancien conseiller à la sécurité nationale.
L’enquête n’a pas été interrompue. Et Donald Trump, on le sait, a congédié James Comey.
«Le but était de modifier la façon dont l’enquête sur la Russie était conduite. C’est très grave», a déclaré James Comey.
Comment le contredire? Le dernier président américain qui a tenté de perturber le déroulement d’une enquête a été Richard Nixon. Il a fini par démissionner.
Précisons que Donald Trump – heureusement pour lui – n’est pas allé jusqu’à demander explicitement à James Comey d’arrêter la plus importante enquête, celle du FBI sur l’ingérence russe dans l’élection américaine de 2016.
Précisons aussi que les avocats du président nient les propos incriminants de l’ancien grand patron du FBI.
Mais une chose est sûre, à l’issue de ce témoignage, Donald Trump est encore plus faible et moins crédible qu’auparavant. Sauf peut-être aux yeux de ses partisans les plus irréductibles.
Bien sûr, pour l’instant, c’est la parole de James Comey contre celle de Donald Trump. Mais à ce petit jeu, les deux hommes ne partent pas sur un pied d’égalité.
Le président américain nous a prouvé à maintes reprises qu’il n’avait aucun scrupule à mentir comme un arracheur de dents. L’ex-grand patron du FBI, lui, a la réputation d’être un homme intègre.
Certaines de ses allégations, d’ailleurs, peuvent être confirmées. Il ne fait pas de doute que Donald Trump le courtisait. En l’espace de quelques mois, il lui a téléphoné et l’a rencontré à de multiples reprises. Entre autres lors d’un dîner en tête à tête, pratique hautement inhabituelle. Et deux semaines plus tard, lors d’une autre rencontre sans témoins, à la toute fin d’une réunion dans le bureau Ovale. Le président avait demandé à ses proches collaborateurs de quitter la pièce pour les laisser seuls.
D’ailleurs, même si Comey disait vrai sur toute la ligne, il n’y aurait pas là de quoi s’étonner. Cela confirmerait simplement une fois de plus que Donald Trump pense pouvoir à la fois dire et faire n’importe quoi, mais aussi influencer n’importe qui, par n’importe quels moyens. Parce qu’il est si puissant, s’est-il toujours dit, qu’il n’en subira jamais les conséquences.
Cela dit, tout à coup, ce n’est peut-être plus aussi vrai. Car cet empereur vient d’être pris en défaut, en quelque sorte, par un gladiateur.
James Comey jette une lumière crue sur le comportement de Donald Trump et alimente les doutes au sujet de sa probité. Si le président ne faisait pas l’objet d’une enquête lorsqu’il a mis à la porte l’ancien directeur du FBI, il est maintenant au coeur de la tempête.
Notons que James Comey n’a pas dit grand-chose au sujet des liens entre l’entourage de Donald Trump et les responsables russes. Son témoignage n’aura représenté que la pointe de l’iceberg.
Aujourd’hui, alors qu’un procureur indépendant et le Congrès enquêtent, on voit mal comment l’administration Trump pourrait éviter le dévoilement, au cours des prochains mois, de la partie immergée de cet iceberg.
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