Après 100 jours, une présidence qu’on annonçait comme une période de transition tranquille semble destinée à en devenir une de transformation majeure.
Depuis Franklin D. Roosevelt, les 100 premiers jours d’un président sont un marqueur symbolique important.
Joe Biden aurait pu se contenter de ne pas être Donald Trump et de redonner à la présidence la décence et l’humanité qu’elle avait perdues. Il y est parvenu et c’est remarquable, mais comme il l’a souligné dans son premier discours au Congrès hier, ses premiers 100 jours permettent d’envisager un mandat chargé et ambitieux.
Un contraste bienvenu
Depuis janvier, le climat politique est méconnaissable. Pour les millions d’Américains qui suivaient compulsivement le cirque de l’administration précédente et les frasques de son maître de piste, le stress a baissé de plusieurs crans.
Le contraste est saisissant. Si le taux d’approbation de Biden est modeste comparé aux présidents d’époques moins polarisées, il est majoritairement favorable et nettement supérieur à celui de Trump.
Même si Biden enjolive la vérité à l’occasion, on est loin du torrent ininterrompu de faussetés de Donald Trump. Selon le « détecteur de mensonges » du Washington Post, Biden avait émis 67 énoncés problématiques après 96 jours. À ce rythme, il lui faudrait plus d’un siècle pour atteindre les 30 000 énoncés faux ou trompeurs émis par son prédécesseur en quatre ans.
La recette Biden
Le succès du nouveau président s’explique simplement : promettre moins, livrer plus ; parler peu, agir beaucoup ; écouter et chercher à satisfaire les électeurs républicains plutôt que leurs élus, qui n’ont aucune alternative concrète à proposer.
La campagne de vaccination contre la COVID-19 a été plus de deux fois plus rapide que prévu. Le plan d’aide de 1900 milliards, adopté sans un seul vote républicain au Congrès, recueille des appuis considérables parmi les partisans républicains et indépendants.
Même si Barack Obama faisait d’énormes contorsions pour accommoder les élus républicains afin d’atténuer son image « radicale », il s’est buté à leur refus systématique de collaborer et n’a récolté que le ressentiment de leurs électeurs.
Biden mise plutôt sur son image de modéré pour contourner les élus adverses afin d’écouter leurs partisans et de leur livrer la marchandise, sans s’attendre au moindre appui des républicains du Congrès.
Écueils en vue
Ainsi, Biden pourrait réussir à faire adopter un plan d’infrastructures qui représenterait une refonte du rôle de l’État fédéral aux États-Unis, y compris la reconnaissance des services de garde comme composante essentielle de « l’infrastructure humaine » d’une société moderne.
Il devra manœuvrer délicatement, car certains sénateurs démocrates « modérés » ne partagent pas ses visées interventionnistes. Surtout, Biden devra composer avec la crise migratoire et les problèmes de justice sociale et d’ordre public qui continuent à diviser profondément les Américains.
Si on se fie à ses 100 premiers jours, les sceptiques qui voyaient en Joe Biden un septuagénaire sympathique mais faible, incapable d’imposer sa vision et d’inspirer le changement, ont de bonnes chances d’être confondus.
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